Imagine que tu arrives à Mykonos, le soleil te caresse la peau, et le parfum du sel et du jasmin flotte dans l'air. Tu entends le cri des mouettes, le lointain murmure des vagues. Chora, la ville principale, t'appelle avec ses murs blanchis à la chaux, ses portes bleues éclatantes. Mais si tes pieds ont besoin d'un peu plus d'attention, ou si tu te déplaces en fauteuil, une question te traverse l'esprit : est-ce que ce rêve est accessible ?
Tu sens sous tes mains (ou tes roues) la texture unique de ses chemins. Ce n'est pas une surface lisse et uniforme. Imagine des pierres, parfois grandes, parfois plus petites, incrustées dans le sol. Elles sont là depuis des siècles, polies par des millions de pas. Quand tu les touches, tu ressens l'histoire de l'île. Le son de tes roues sur ces pavés est un murmure constant, un frottement doux mais persistant.
Concrètement, les rues de Chora sont presque entièrement pavées. Ce ne sont pas des pavés plats et réguliers comme on en trouve dans certaines villes européennes, mais plutôt des dalles de pierre inégales, souvent espacées de petits intervalles. Pour un fauteuil roulant manuel, cela demande un effort considérable et peut être très secouant. Les fauteuils électriques avec de bonnes roues tout-terrain s'en sortiront mieux, mais la vibration reste constante. C'est un défi pour les chevilles et les genoux si tu marches avec des béquilles ou une canne.
Tu sens tes muscles travailler, parfois un peu plus, parfois beaucoup plus. La ville n'est pas plate. Elle monte, elle descend, suivant les courbes naturelles du terrain. Tu respires plus fort en montant, et tu sens le vent te rafraîchir en descendant. Chaque montée te récompense avec une nouvelle perspective, un aperçu sur la mer Égée qui scintille au loin. Tu sens la chaleur du soleil sur ton visage, et l'effort te rappelle que tu es bien vivant, au cœur de Mykonos.
Chora est construite sur des collines douces mais persistantes. Il y a de nombreuses montées et descentes, certaines assez raides, surtout dans les quartiers qui s'éloignent du front de mer. La majorité des rues principales ont des pentes gérables pour une personne valide, mais pour quelqu'un en fauteuil roulant, même avec l'aide d'un accompagnateur, ces pentes peuvent devenir épuisantes. Il n'y a pas beaucoup de sections plates continues, ce qui rend la progression difficile sur de longues distances.
Tu te sens enveloppé par les murs blancs, parfois si proches que tu pourrais les toucher des deux côtés. Le son de tes pas résonne différemment ici, comme si les murs te chuchotaient des secrets. L'air est plus frais dans ces passages étroits, protégé du soleil. Tu sens l'intimité de ces ruelles, l'impression d'explorer un labyrinthe où chaque tournant révèle une nouvelle surprise, une porte colorée, un chat endormi.
Les rues de Chora sont incroyablement étroites. Dans beaucoup d'endroits, à peine la largeur d'une personne ou d'un fauteuil roulant. Il est souvent impossible de croiser quelqu'un sans que l'un des deux ne se range dans une alcôve ou contre un mur. Pour un fauteuil roulant, cela signifie que tu auras souvent à demander aux gens de se décaler. Les entrées de magasins et restaurants sont également très souvent étroites, avec des seuils ou des marches.
Imagine le flux constant de corps autour de toi. Tu entends un brouhaha de langues différentes, le rire des enfants, le cliquetis des verres. Parfois, tu sens une épaule te frôler, une main te toucher accidentellement. Tu peux te sentir poussé par la foule, ou au contraire, bloqué, immobile. L'énergie est palpable, électrique, mais elle peut aussi être écrasante, te donnant l'impression d'être une feuille emportée par le vent.
Mykonos est extrêmement populaire, surtout en haute saison (juillet-août) et en soirée. Les rues étroites de Chora deviennent alors de véritables goulots d'étranglement. Se déplacer en fauteuil roulant ou avec une mobilité réduite est alors une épreuve de patience et de force. Les gens sont souvent pressés et ne prêtent pas toujours attention. Pour une expérience plus agréable, privilégie les balades tôt le matin (avant 10h) ou en fin d'après-midi (avant 18h) et évite les weekends si possible.
Tu rencontres des regards, des sourires. Parfois, tu sens une main se tendre pour t'aider à franchir un pas, ou une personne qui se décale pour te laisser passer. Il y a cette chaleur humaine, cette reconnaissance silencieuse que nous sommes tous là pour profiter de la beauté de l'île. Tu ressens cette connexion, ce petit acte de gentillesse qui rend le voyage plus doux, plus humain.
La plupart des habitants et des touristes sont généralement serviables et compréhensifs si tu as besoin d'aide, surtout si tu leur demandes poliment. Cependant, ne t'attends pas à ce que les gens se décalent automatiquement dans les foules. N'hésite pas à demander de l'aide pour franchir un obstacle ou pour te frayer un chemin. La communication est clé. Les locaux sont habitués aux défis de leur ville et sont souvent prêts à donner un coup de main.
Alors, Chora est-elle accessible ? Pour être honnête, c'est un défi. Elle n'est pas conçue pour l'accessibilité universelle. C'est un lieu magnifique, mais qui demande un effort physique certain si tu as des problèmes de mobilité ou si tu te déplaces en fauteuil roulant. Ce n'est pas impossible, mais cela exige de la planification, de la patience et potentiellement de l'aide. Attends-toi à une expérience exigeante mais potentiellement très gratifiante si tu es prêt à relever le défi.
Léa en Vadrouille