Imagine que tu laisses derrière toi le bourdonnement incessant du Caire, la chaleur qui colle à la peau, les klaxons qui percent l'air. Tu fais un pas, puis un autre, et soudain, une fraîcheur t'enveloppe, un silence relatif prend le relais. Tu sens le marbre poli sous tes pieds nus, une sensation douce, presque apaisante. C'est l'entrée à la mosquée Al-Azhar, une sorte de bulle hors du temps.
Une fois à l'intérieur, c'est comme si le temps ralentissait. Tu marches sur les vastes tapis, dont la texture douce absorbe le son de tes pas. L'air est imprégné d'une odeur légère d'encens et de propreté, presque cireuse. Lève la tête, et vois la lumière du soleil se faufiler à travers les moucharabiehs, dessinant des motifs changeants sur les murs anciens. Tu n'entends presque rien, juste le murmure lointain de quelques prières ou parfois, le silence profond qui te permet d'entendre ton propre souffle. C'est un endroit où tu peux vraiment te poser, te sentir petit face à l'immensité de l'histoire et de la foi.
Pour y aller, c'est simple. L'entrée est gratuite, mais il y a des règles claires pour le respect du lieu. Pour les femmes, il faut absolument couvrir les cheveux et les épaules, et porter des vêtements longs qui cachent les jambes. Souvent, ils prêtent des abayas à l'entrée si tu n'as pas ce qu'il faut, c'est super pratique. Pour les hommes, un pantalon long est de rigueur. Et pour tout le monde, tu devras enlever tes chaussures avant d'entrer dans les zones de prière. Il y a des étagères prévues pour ça, ne t'inquiète pas.
Ce qui m'a vraiment frappée, c'est le contraste saisissant. Tu quittes le chaos de la rue, et en quelques pas, tu te retrouves dans cette bulle de sérénité. Mais ce n'est pas un musée figé ; tu sens la vie, l'activité constante. Tu entends parfois des groupes d'étudiants discuter doucement sous les arcades, car c'est aussi une université très ancienne et prestigieuse. Ça grouille de savoir et de foi. C'est un lieu vivant, pas juste un monument, et ça te rappelle que la foi n'est pas juste dans les livres, elle est vécue, respirée, tous les jours.
Pour la visite, essaie d'y aller le matin, juste après l'ouverture. Il y a moins de monde et la lumière est incroyable pour les photos (et pour tes yeux !). Évite les heures de prière si tu veux explorer tranquillement, car les lieux de prière seront très fréquentés et tu pourrais te sentir un peu de trop. C'est super facile d'y arriver en taxi ou en Uber depuis n'importe où au Caire, et c'est à deux pas du souk Khan el-Khalili, donc tu peux facilement coupler les deux visites à pied, c'est ce que j'ai fait.
S'il y a un petit bémol, c'est que parfois, l'affluence peut être écrasante, surtout en milieu de journée ou pendant les vacances scolaires. La magie du silence et de la contemplation peut être un peu brisée par le brouhaha des groupes de touristes ou des familles nombreuses. Et aux abords immédiats, comme souvent dans les lieux très fréquentés, tu peux sentir une certaine insistance des vendeurs ou des "guides" non officiels qui t'interpellent. Il faut juste savoir le gérer et ne pas hésiter à dire non fermement mais poliment, sans te sentir mal à l'aise.
Malgré ces petits points, Al-Azhar, c'est une expérience à part entière, vraiment unique. Tu ne visites pas juste un bâtiment, tu plonges dans une atmosphère, une histoire, une spiritualité palpable. Tu vas en ressortir avec une sensation de calme inattendue, et une image gravée de la lumière sur le marbre blanc, de l'odeur de propre et d'encens. C'est un incontournable pour comprendre le cœur battant du Caire. Laisse-toi porter par l'ambiance, prends le temps de t'asseoir, de sentir la fraîcheur du sol et de juste respirer. Tu vas adorer, j'en suis sûre.
Olya from the backstreets