Istanbul... ah, Istanbul ! Il y a des lieux qui vous happent, vous transforment. La Tour de Galata en fait partie. On la voit de loin, elle domine le ciel, mais ce que peu de gens savent, ce sont les secrets qu'elle murmure avant même que la ville ne se réveille vraiment. Imaginez-vous. Il fait encore frais, l'aube pointe à peine derrière les minarets, et les rues autour de la tour sont presque vides. Vous marchez sur les pavés humides, et là, avant même le bourdonnement des premiers tramways, vous entendez ce son si particulier : le *cliquetis* lointain et répétitif d'un chariot de *simit* qui approche, traîné par un vendeur matinal. Ce n'est pas le brouhaha de la journée, c'est une mélodie solitaire. Et avec elle, vient cette odeur... ce mélange unique de la pierre ancienne, froide et vivante, du Bosphore qui respire doucement au loin, et puis, cette effluve chaude, inimitable, du *simit* fraîchement cuit et du thé noir qui infuse déjà dans les *çay bahçesi* qui s'éveillent. C'est l'âme du quartier qui se révèle, discrètement, avant le lever du rideau touristique. Vous sentez cette chaleur dans l'air frais, cette promesse d'une journée qui commence, et vous savez que vous êtes au cœur de quelque chose de vraiment local.
Pour vivre cette expérience matinale, le secret est d'arriver bien avant l'ouverture officielle de la tour, vers 6h30-7h du matin, selon la saison. Le quartier de Galata est facilement accessible. Vous pouvez prendre le tramway T1 jusqu'à Karaköy, puis remonter la colline à pied – c'est une marche d'environ 10-15 minutes, assez raide par endroits, mais les rues sont calmes à cette heure. Sinon, un taxi ou un *dolmuş* (mini-bus partagé) vous déposera plus près. Si vous séjournez à Beyoğlu, c'est une courte promenade. L'important est d'être là pendant que les locaux commencent leur journée, et non quand les bus touristiques arrivent. Prévoyez des chaussures confortables, et peut-être une petite veste, même en été, l'air peut être frais le matin.
Une fois que la tour ouvre ses portes et que vous commencez votre ascension, même si une partie se fait en ascenseur, les dernières marches en colimaçon vous plongent dans l'histoire. Vous sentez l'air se raréfier légèrement, le vent s'engouffrer par les petites ouvertures. En sortant sur la terrasse panoramique, c'est une bouffée d'air frais, parfois vive, qui vous saisit. Le soleil, s'il est déjà levé, réchauffe votre peau, et vous sentez cette immensité. Le Bosphore s'étend devant vous, un miroir d'argent qui scintille, et vous percevez presque le mouvement des vagues. Vous n'êtes plus juste en haut d'une tour, vous êtes suspendu au-dessus de deux continents, avec le vent qui murmure les récits de siècles passés à vos oreilles. Chaque son – le cri lointain d'une mouette, le sifflement d'un ferry – prend une dimension nouvelle depuis cette hauteur, comme si vous pouviez toucher l'horizon.
Côté pratique pour la visite de la Tour de Galata : les billets peuvent être achetés sur place. Attendez-vous à une file d'attente, surtout après 9h. Pour éviter le gros de la foule, visez l'ouverture si vous n'êtes pas là juste pour l'expérience matinale extérieure, ou en fin de journée. Une fois au sommet, l'espace sur la terrasse est étroit et peut devenir très bondé, surtout en haute saison. Le temps de visite est généralement limité à environ 20-30 minutes pour permettre la rotation des visiteurs. Il y a un café et un restaurant au sommet, mais je vous conseille de prendre votre thé ou café dans l'un des charmants établissements du quartier après votre descente, pour une expérience plus authentique et moins chère. Les toilettes sont disponibles à l'intérieur de la tour.
En redescendant de la tour, le monde semble différent. Les bruits de la ville, qui étaient si lointains d'en haut, reprennent leur volume. Vous sentez l'énergie de Galata qui monte, les commerçants qui ouvrent leurs échoppes, l'odeur du café turc qui commence à flotter dans l'air, plus dense qu'au petit matin. Vous vous retrouvez au milieu de l'agitation, mais vous portez en vous la quiétude de l'aube, le secret du *simit* et du vent du Bosphore que vous avez partagé avec la tour. C'est une sensation de privilège, d'avoir percé un peu de l'âme d'Istanbul avant que le reste du monde ne se réveille. La tour ne vous a pas seulement offert une vue, elle vous a invité à ressentir son histoire, son présent, et les murmures de ses habitants.
Olya from the backstreets