Tu sais, Ibiza, ce n'est pas que la fête. Il y a des recoins qui te prennent aux tripes, qui te racontent des histoires bien plus anciennes que le dernier DJ set. Et les grottes de Can Marca, crois-moi, c'est l'un de ces lieux. Imagine un instant : tu marches, le soleil d'Ibiza te caresse encore la peau, puis tu franchis le seuil. C'est immédiat, le silence t'enveloppe. Un silence dense, presque palpable, brisé seulement par le léger goutte-à-goutte lointain de l'eau. Tu sens l'air changer, devenir plus frais, plus humide, comme si tu plongeais dans une autre dimension. La roche autour de toi est fraîche sous tes doigts, un peu rugueuse, et une odeur de terre mouillée, de minéraux anciens, remplit tes narines. C'est l'odeur du temps. Tu perçois l'écho de tes propres pas, un doux murmure qui te suit dans l'obscurité grandissante.
Puis, tu avances, guidé par une sensation d'émerveillement. Soudain, un son. D'abord un filet, puis un ruissellement plus fort, vibrant, qui prend de l'ampleur. C'est l'eau. Tu ressens l'humidité dans l'air, une fine brume qui te caresse le visage, comme des milliers de doigts invisibles. Et là, l'ambiance sonore monte. L'eau dévale, rebondit, créant une symphonie liquide. Les lumières, tu ne les vois pas, mais tu perçois leur présence par la façon dont elles transforment l'espace. Elles font vibrer l'air, donnent vie à l'eau, rendant palpable chaque goutte qui tombe. C'est comme si l'eau chantait et dansait autour de toi, te submergeant d'une sensation de pure magie, un spectacle où le son et la sensation dominent, te faisant sentir au cœur même de la terre.
Ces grottes, elles n'ont pas toujours été un lieu touristique. Un vieil homme, un jour, sur le port de San Miguel, m'a raconté que son grand-père, quand il était enfant, se cachait là. Il disait que c'était le repaire des contrebandiers, leur cachette secrète. "Ils y laissaient leurs marchandises, tu sais, des fois du tabac, des fois des choses plus précieuses", il m'a dit en souriant. "C'était un labyrinthe pour les étrangers, mais pour eux, c'était comme leur propre maison souterraine. On n'entendait rien depuis l'extérieur, et les échos à l'intérieur protégeaient leurs secrets. C'était un lieu de survie, un endroit où l'on pouvait respirer quand le monde était trop dur dehors." Ça te donne une toute autre perspective, non ? Ce n'est pas juste une cavité, c'est un témoin silencieux de la résilience et de l'ingéniosité des gens d'ici.
Si tu veux y aller, sache que c'est près de Port de San Miguel, au nord de l'île. Le mieux, c'est d'y aller le matin, juste à l'ouverture, ou en fin d'après-midi. Moins de monde, et tu peux vraiment t'imprégner de l'ambiance. Prévois des chaussures confortables, type baskets, car ça peut glisser un peu à l'intérieur, et le sol n'est pas toujours plat. Même en plein été, un petit gilet léger ne sera pas de trop, la température est constante et bien plus fraîche qu'à l'extérieur. C'est une visite guidée, donc pas besoin de t'inquiéter de te perdre. Et pour info, même si le chemin est aménagé, il y a quelques marches et des passages étroits, donc si tu as des soucis de mobilité, garde ça en tête pour t'organiser.
Au final, les grottes de Can Marca, c'est une expérience qui te reconnecte à quelque chose de profond. Tu en ressors avec le sentiment d'avoir exploré un secret bien gardé, d'avoir touché du doigt une part d'Ibiza que peu de gens connaissent vraiment. C'est un voyage sensoriel, une parenthèse hors du temps, qui te rappelle que la beauté est partout, même sous nos pieds.
À la prochaine aventure,
Olya from the backstreets