Imaginez. Vous arrivez dans la Vallée de La Orotava et l'air n'est pas juste de l'air, c'est une caresse fraîche et parfumée, un mélange subtil de terre humide, de pin et d'une douceur florale que vous ne saurez pas identifier. Vous sentez cette brise légère sur votre peau, elle semble nettoyer l'esprit, ouvrir les sens. Le silence n'est jamais total ici ; il est rempli du chant lointain des oiseaux, d'un froissement de feuilles, d'une sorte de murmure apaisant qui vous enveloppe et vous dit que vous êtes au bon endroit.
Quand vous marchez dans La Orotava même, vos pieds sentiront les pavés anciens, polis par des siècles de pas, certains glissants sous une fine mousse d'humidité. Vous entendez le cliquetis des balcons en bois sculpté qui s'animent doucement au gré du vent, et parfois, le son étouffé d'une conversation venant de l'intérieur. Le bois des maisons coloniales, sombre et riche, sent le temps qui passe, une odeur douce et rassurante. Prenez des chaussures confortables, celles qui épousent bien vos pieds, car il y a des montées et des descentes, et vous voudrez sentir le sol sous vous sans distraction.
Puis, levez les yeux au-delà des toits, vers le Teide. C'est une présence silencieuse, majestueuse, qui garde la vallée. Vous sentez la vastitude de l'espace, la profondeur de ce vert luxuriant qui dévale les pentes. L'air devient plus pur, plus frais encore, et vous respirez à pleins poumons cette odeur de forêt primaire, de terre volcanique fertile. C'est un spectacle pour les yeux mais surtout une sensation : celle d'être petit face à une nature grandiose, et pourtant parfaitement à votre place, ancré.
Une fois, j'ai rencontré une vieille dame, Maria, qui vivait ici depuis toujours. Elle m'a raconté, avec des yeux pétillants, que ses grands-parents disaient que la vallée de La Orotava n'était pas seulement belle, elle était vivante grâce à l'eau. Pas l'eau de la pluie, mais l'eau qui coulait des montagnes par de petits canaux, les "acequias". Selon elle, chaque goutte était un trésor, partagé avec une discipline presque sacrée. C'est cette gestion minutieuse, cette sagesse de ne rien gaspiller, qui a fait de cette terre volcanique un jardin si fertile, capable de nourrir des générations. C'est l'histoire d'une ingéniosité humble, pas d'une conquête.
Pour s'y rendre, une voiture est vraiment l'idéal pour explorer la vallée à votre rythme, surtout si vous voulez monter un peu en altitude ou vous arrêter dans un des petits villages. Sinon, les bus (appelés "guaguas") desservent bien la ville principale de La Orotava depuis Puerto de la Cruz ou Santa Cruz, mais pour l'exploration plus profonde, vous serez un peu limité. Prévoyez une petite laine, même en été, car l'altitude peut apporter des soirées fraîches.
Et la nourriture ! Cherchez absolument un "guachinche". Ce sont des petits restaurants familiaux, souvent chez l'habitant, des lieux simples et authentiques où l'on mange ce qui a été préparé ce jour-là. Vous ne trouverez pas de menu sophistiqué, mais des saveurs locales incroyables et des prix doux. Essayez les "papas arrugadas" avec du "mojo" (rouge ou vert, les deux sont délicieux) et un plat de viande ou de poisson frais. C'est une expérience qui se vit avec les papilles, mais aussi avec le cœur, au milieu des discussions animées des locaux.
Léa de la route