Imagine le bus qui s'arrête. Tu sens l'air frais t'envelopper, pas le même que celui de la ville, il est plus pur, plus vif. Tu entends d'abord le silence, profond, seulement brisé par le souffle du vent dans les herbes hautes. Tes pieds touchent une terre un peu poussiéreuse, mais solide, qui te connecte immédiatement au sol. La première chose que tu *ressens* avec tout ton corps, c'est l'immensité des montagnes qui t'entourent, des parois rocheuses et des verts profonds qui te donnent le vertige et t'enveloppent. On te guide doucement le long d'un petit sentier sinueux, chaque pas te menant plus loin de l'agitation. Pour y aller, le plus simple, c'est de prendre une excursion d'une journée depuis Cusco. C'est souvent organisé avec le transport inclus, ce qui t'évite de te prendre la tête avec la logistique.
Tu marches un peu plus loin, et là, tu *entends* un cliquetis doux, régulier, presque méditatif. C'est le son des métiers à tisser. Tes doigts pourraient sentir la laine, pas celle que tu connais, mais une laine brute, douce et un peu grasse, qui vient tout juste d'être filée à la main. On te montre comment les femmes teignent la laine avec des plantes, tu peux presque *sentir* l'odeur terreuse des pigments naturels, le rouge profond de la cochenille, le jaune lumineux du maïs. Ensuite, tu t'assois, et tu *sens* le bois du métier sous tes mains, la texture des fils qui passent entre tes doigts. Tu suis du regard, ou plutôt avec ton corps, le mouvement précis des mains qui entrelacent les fils, une danse silencieuse de savoir-faire ancestral. Si tu veux ramener quelque chose, achète directement là-bas. C'est de l'artisanat authentique, et l'argent va directement aux familles. Négocie gentiment, mais n'oublie pas que c'est leur gagne-pain.
Après, c'est l'heure de partager un moment autour d'un repas. Tu *sens* la chaleur d'un feu de bois, l'odeur du maïs grillé qui chatouille tes narines, des pommes de terre cuites dans la terre – la *pachamanca*. Tes mains s'approchent d'une assiette en argile, rugueuse, mais chaude, qui diffuse la chaleur du plat. Le goût est simple, pur, des saveurs de la terre que tu n'as jamais connues. Imagine le sucré du maïs, le salé des herbes locales, la tendresse des légumes. C'est un festin pour le corps, qui te réchauffe de l'intérieur et te nourrit d'une manière inattendue. N'hésite pas à goûter à tout ce qu'on te propose, même si ça a l'air inhabituel. C'est une expérience culinaire unique. Et si on t'offre de la chicha, la boisson locale à base de maïs fermenté, vas-y, c'est une tradition !
Une fois le ventre plein, tu sors et tu *sens* le soleil sur ta peau, même à cette altitude, il a une force particulière. L'air est pur, un peu sec, et tu peux le sentir remplir tes poumons à chaque inspiration. Tu *entends* le souffle du vent dans les montagnes, parfois le cri lointain d'un oiseau. Tes pieds peuvent fouler l'herbe courte, sentir la texture des petites pierres sous tes semelles. Tu *ressens* la grandeur de ces paysages andins, une sorte de paix profonde qui s'installe en toi, comme si la terre te parlait, te rappelait d'où tu viens et te connectait à quelque chose de bien plus grand.
Le temps passe vite dans cet environnement hors du temps. Tu *sens* la chaleur des sourires, même sans mots, la sincérité des gestes quand on te salue. Tes mains peuvent serrer celles, un peu rugueuses, d'une femme qui a tissé toute sa vie, et tu ressens une connexion au-delà des mots, un sentiment d'humanité partagée. Au moment de partir, tu *sens* un pincement au cœur, une douce mélancolie, mais aussi une immense gratitude. Le soleil commence à descendre, l'air redevient plus frais sur ton visage. Tu emportes avec toi non pas des souvenirs visuels figés, mais des sensations profondes : la douceur de la laine, la chaleur du feu, le goût de la terre, le silence des montagnes, la gentillesse des mains qui t'ont accueilli. Avant de partir, un petit pourboire est toujours apprécié, surtout si tu as passé du temps avec une famille ou participé à un atelier. C'est une façon de montrer ta reconnaissance et de soutenir la communauté.
Olya des ruelles