Alors, tu veux savoir ce qu'on "fait" vraiment sur le trek de Lares ? Oublie les cartes et les itinéraires précis pour un instant. Imagine te lever avant le soleil, dans une vallée qui s'éveille lentement. L'air est vif, piquant, il te réveille mieux que n'importe quel café. Tu sens l'humidité de la nuit sur ta peau, le parfum terreux des montagnes qui t'entourent. Le seul son, c'est le léger bruissement du vent dans les herbes hautes, et peut-être le bêlement lointain d'un alpaga. Tu respires profondément, et l'altitude te rappelle doucement où tu es. C'est ça, le début.
Ensuite, tu marches. Non pas sur un chemin balisé, mais sur des sentiers qui serpentent à travers des villages où le temps semble s'être arrêté. Tu entends le clapotis d'un ruisseau qui dévale des hauteurs, le froissement de tes propres pas sur la terre ou les petites pierres. Parfois, tu croises des enfants qui jouent, leurs rires légers se mêlent au chant des oiseaux. Tu sens le soleil sur ton visage, et la poussière soulevée par tes pieds. Tes mains peuvent effleurer les murs de pierre des maisons, rugueux et froids, ou la laine douce d'un troupeau qui passe. C'est une immersion totale, où chaque sens est sollicité.
Et puis, il y a l'effort. Tes muscles travaillent, tes poumons se remplissent et se vident à un rythme soutenu. Tu sens la chaleur monter dans ton corps, la sueur perler sur ton front. Mais quand tu atteins un col, le vent te gifle le visage, froid et pur. Tu vois des paysages qui coupent le souffle, des sommets enneigés qui percent le ciel bleu, des lacs d'un turquoise irréel. Tu entends le silence assourdissant de l'altitude, juste le vent et ton propre souffle. Le goût de l'eau fraîche après une longue montée n'a jamais été aussi bon, et la chaleur du maté de coca dans tes mains te réconforte. Chaque pas est un défi, chaque vue une récompense.
Côté pratique, pour les affaires, pense aux couches. Il fait froid la nuit, mais le soleil tape fort en journée. Une bonne première couche thermique, une polaire épaisse, et une veste coupe-vent et imperméable sont tes meilleures amies. Pour le bas, un pantalon de randonnée convertible est idéal. Tes chaussures de marche doivent être confortables et bien rodées, car tu vas marcher des heures sur des terrains variés. N'oublie pas un chapeau, de la crème solaire et des lunettes de soleil, le soleil en altitude est intense. Un sac de couchage chaud est indispensable, le tien si tu en as un, sinon le tour opérateur en fournit. Et un petit sac à dos pour la journée avec tes essentiels, le reste est porté par des mulets.
En ce qui concerne la nourriture et l'hébergement, c'est du camping. Tu dors sous tente, généralement deux personnes par tente, sur des matelas de sol. Les repas sont préparés par une équipe de cuisine qui t'accompagne, et crois-moi, après une longue journée de marche, c'est incroyable ce qu'ils arrivent à faire avec les moyens du bord. Attends-toi à des plats locaux simples mais réconfortants : soupes chaudes, riz, légumes, poulet ou viande. L'eau est bouillie et filtrée pour la boire. Pour les commodités, ce sont des toilettes de camp, souvent une tente avec un trou, donc prévois du désinfectant pour les mains et du papier toilette. Les porteurs sont essentiels, ils transportent tout le matériel, y compris tes sacs. Un pourboire à la fin est très apprécié, c'est une part importante de leur revenu.
L'acclimatation est cruciale. Ne te lance pas dans le trek dès ton arrivée au Pérou. Passe au moins deux à trois jours à Cusco ou dans la Vallée Sacrée pour t'habituer à l'altitude. Bois beaucoup d'eau, évite l'alcool et les repas lourds les jours précédant le trek. Tu peux aussi demander à ton médecin des médicaments contre le mal de l'altitude (diamox) ou acheter des pilules de Soroche sur place. Écoute ton corps : si tu te sens mal, ralentis, hydrate-toi. Le trek est exigeant physiquement, mais pas techniquement difficile. Être en bonne condition physique aide énormément.
Le trek se termine souvent par un passage par Ollantaytambo pour prendre un train vers Aguas Calientes, la ville au pied du Machu Picchu. La transition est un peu brutale, de la nature sauvage à une ville touristique. Le lendemain matin, tu montes au Machu Picchu. Après avoir passé des jours dans des paysages grandioses et isolés, découvrir cette cité inca emblématique est une expérience encore plus profonde. Tu sens la pierre ancienne sous tes doigts, tu imagines les vies qui ont habité ces lieux. C'est l'aboutissement d'une aventure qui t'a connecté à la terre, aux gens, et à toi-même d'une manière unique.
Au final, le trek de Lares, ce n'est pas juste "faire" quelque chose. C'est sentir le vent des Andes sur ta peau, entendre le silence des montagnes, goûter la simplicité d'un repas partagé, et toucher l'histoire avec tes propres mains. C'est une immersion qui te change.
Léa de la route