Alors, imagine un peu. Tu quittes le bourdonnement, les klaxons, et d'un coup, l'air change. Il devient plus lourd, plus chargé d'humidité et d'une odeur verte, presque terreuse, celle des montagnes karstiques qui commencent à t'encercler. Tu sens la route se tordre sous les roues du bus, chaque virage te rapprochant d'un monde où le temps semble avoir un autre rythme. Et puis, tu arrives à Xingping. Ce n'est pas une entrée en fanfare, plutôt une douce immersion. Tu descends, et le silence te frappe, un silence profond, seulement brisé par le murmure lointain de la rivière ou le chant d'un oiseau que tu ne connais pas. C'est là, au cœur de ce tableau vivant, que l'aventure commence.
Tu marches quelques pas, et le vent léger te caresse le visage, portant avec lui le parfum de l'eau douce et des feuilles humides. Imagine la sensation du bois lisse sous tes doigts alors que tu montes à bord d'un radeau en bambou. Tu entends le clapotis régulier de l'eau contre la coque, le léger frottement du bambou. Autour de toi, tu *sens* la grandeur des montagnes qui s'élèvent, immenses et silencieuses, leurs sommets drapés d'une brume qui donne l'impression qu'elles touchent le ciel. C'est l'endroit exact que tu as vu mille fois, sans le savoir, sur le billet de 20 yuans. Tu n'as pas besoin de le voir pour *sentir* l'écho de cette image, la perfection de ce paysage qui te pénètre, t'enveloppe, te calme.
Un vieil homme, assis sur son tabouret devant sa porte, m'a un jour raconté que ses grands-parents lui disaient que ces montagnes n'étaient pas juste des rochers. Pour eux, chaque pic était un esprit gardien, et la rivière, le Li, était le sang de la terre. Quand les brumes s'accrochaient aux sommets, c'était les esprits qui respiraient, et quand le soleil perçait, c'était leur sourire. Ils croyaient que tant que la rivière coulait et que les montagnes se tenaient, Xingping serait protégé. C'est pour ça que même avec le temps qui passe, l'âme de cet endroit reste intacte, comme un secret murmuré de génération en génération.
Une fois que tu as ressenti la magie de la rivière, retourne au cœur du village. La vieille rue de Xingping est une invitation à la flânerie. C'est étroit, pavé, et tu peux presque toucher les façades des maisons anciennes en tendant les bras. Cherche les petits stands où ils vendent des *rouleau de riz* (Chang Fen), des crêpes de riz fines et délicates, souvent farcies et arrosées d'une sauce savoureuse. C'est le genre d'en-cas parfait pour une pause. Ne t'attends pas à des boutiques de luxe, mais plutôt à des petites échoppes d'artisans, des cafés simples où tu peux t'asseoir et juste observer la vie locale, sentir l'odeur du thé vert et du bois brûlé.
Pour t'y rendre depuis Yangshuo, le plus simple est de prendre un bus local. Ils partent régulièrement de la gare routière de Yangshuo et le trajet ne dure qu'environ 45 minutes, c'est très bon marché. Si tu es à Guilin, tu devras d'abord venir à Yangshuo, puis prendre le bus pour Xingping. Le meilleur moment pour visiter, c'est tôt le matin, avant que la foule n'arrive, ou en fin d'après-midi. La lumière est sublime, et tu auras la sensation d'avoir ces paysages presque pour toi.
En termes de logement, il y a de petites auberges charmantes le long de la rivière ou nichées dans les ruelles du village. Elles offrent souvent une ambiance très locale et des vues imprenables. Pour la nourriture, n'hésite pas à goûter le poisson de la rivière Li, souvent cuit à la vapeur avec du gingembre et des oignons verts, c'est un délice frais et léger. Et un petit conseil : n'oublie pas de te perdre un peu. C'est souvent en s'éloignant des sentiers battus que tu découvres les vrais trésors et rencontres les habitants les plus accueillants.
Olya from the backstreets