Si tu te demandes où commencer ta découverte de Lisbonne, ou si tu cherches un endroit qui te prendra aux tripes et te fera voyager dans le temps, alors le Couvent du Carmo est fait pour toi. Imagine que tu es là, juste devant l'entrée. Tu pousses une porte, et d'un coup, le monde change. Le bruit de la ville s'estompe. L'air sur ton visage est différent, plus vaste. Tu respires. Et puis, tu lèves les yeux.
Ce n'est pas un toit que tu vois, mais le ciel, immense, changeant. Les arches gothiques, majestueuses, se dessinent comme des squelettes de pierre contre le bleu ou le gris. Tu marches sur un sol ancien, irrégulier, et chaque pas résonne un peu, te rappelant le silence profond qui règne ici. Tends la main, sens la pierre froide et rugueuse sous tes doigts, elle a traversé les siècles, a absorbé tant d'histoires. Parfois, un souffle de vent te caresse, te rappelant que cet espace est ouvert aux éléments, comme une cicatrice à ciel ouvert, un témoignage puissant du tremblement de terre de 1755.
Après avoir imprégné tes sens de cette grandeur à ciel ouvert, dirige-toi vers le fond, là où l'ancienne abside a été transformée en un petit musée archéologique. Le contraste est saisissant. Tu passes de l'immense au confiné, la lumière se fait plus douce, plus tamisée. L'air devient plus frais, plus statique. Ici, le silence est différent, plus recueilli, moins vaste. Tu vas y trouver des tombeaux médiévaux impressionnants, des sarcophages romains gravés, des fragments de mosaïques qui racontent des histoires d'il y a des milliers d'années. C'est le moment de ralentir, de te pencher, de lire les cartels si tu le peux, ou simplement de sentir le poids de l'histoire qui repose sur ces objets.
Et puis, il y a la surprise, un peu macabre mais fascinante : les momies. Oui, tu as bien lu. Dans une petite vitrine, tu vas découvrir deux momies péruviennes, une adulte et un enfant. C'est inattendu, presque surréaliste, de les voir là, si loin de leur terre d'origine, dans ce couvent portugais. L'air autour d'elles semble figé, le temps suspendu. C'est un de ces moments où tu ressens un frisson, pas de peur, mais de la conscience aiguë de la fragilité de la vie et de la persistance du passé. C'est un passage bref, mais qui marque, crois-moi.
Alors, si je devais te guider comme une amie, voilà comment je ferais. Commence par l'entrée principale, bien sûr, et prends tout ton temps dans la nef à ciel ouvert. C'est le cœur de l'expérience, ne la précipite pas. Laisse tes yeux s'habituer, tes oreilles capter les échos. Ensuite, dirige-toi vers le fond pour le musée et les fameuses momies. C'est un parcours logique qui te fait passer de l'immense à l'intime. Ce que tu peux 'sauter' si tu es pressée, ce sont peut-être les expositions temporaires si elles ne t'intéressent pas spécifiquement, ou les petites salles annexes si tu sens que tu as fait le plein d'histoire. Mais le cœur du couvent, la nef, et le musée principal, c'est un incontournable. Et le meilleur moment pour y aller ? Tôt le matin ou en fin d'après-midi, pour éviter la foule et profiter d'une lumière magnifique qui joue avec les arches. Tu vas adorer.
Olya des ruelles