Imagine d'abord le vent frais qui caresse ton visage alors que tu t'approches de cette colline, comme si la montagne elle-même respirait. Tu sens l'air pur et sec, un peu piquant, mais tellement vaste qu'il te remplit les poumons. Et puis, progressivement, une odeur douce et fumée t'enveloppe – celle de l'encens, mêlée à une fragrance plus riche, presque beurrée. C'est Drepung qui t'appelle, un labyrinthe de bâtiments blancs et ocres qui se déploient sur le flanc de la colline, comme une ville miniature suspendue entre ciel et terre. C'est immense, tu sens cette immensité avant même de la voir, une présence ancienne et puissante.
Pour y arriver, le plus simple est de prendre un taxi depuis Lhassa, ça coûte environ 30-40 CNY. Il y a aussi des bus locaux, mais ils peuvent être un peu plus lents et bondés si tu n'es pas familier avec les lignes. L'entrée coûte environ 55 CNY. Prépare-toi à monter un peu, le monastère est en terrasses, donc de bonnes chaussures confortables sont essentielles. Arrive tôt le matin, juste après l'ouverture vers 9h, tu auras plus de tranquillité pour explorer.
Tu marches ensuite sur des dalles de pierre polies par des siècles de pas, et tu sens leur fraîcheur sous tes pieds, même à travers tes chaussures. Les murs sont épais, massifs, et quand tu entres dans les salles principales, tu es immédiatement enveloppé par une atmosphude de silence et de résonance. Le son des prières, un murmure grave et profond, semble vibrer dans l'air, te traversant. Tes doigts effleurent parfois des tentures en brocart lourd, tu sens la texture des statues anciennes, patinées par le temps et les offrandes. L'odeur de beurre rance des lampes à beurre est omniprésente, une odeur spirituelle qui t'ancre dans le lieu.
Pour t'orienter, sache que le monastère est divisé en plusieurs collèges (Dratsangs) et résidences. Commence par le Ganden Podrang, l'ancienne résidence du Dalaï-Lama, pour te donner une idée de la grandeur des lieux. Ensuite, explore le Tsokchen, la salle d'assemblée principale. La plupart des sanctuaires sont visités dans le sens des aiguilles d'une montre. La photographie est souvent interdite à l'intérieur des salles de prière, donc garde ton appareil dans ton sac pour respecter les lieux et l'intimité des moines.
En t'éloignant des grands halls, tu te perds dans des allées plus étroites, et là, tu peux sentir le soleil réchauffer les murs de terre battue. Tu entends des bruits de vie plus discrets : un moine qui balaye doucement une cour, le tintement lointain d'une clochette, le murmure d'une conversation. Parfois, une porte s'ouvre sur une petite cour privée, et tu perçois l'odeur du thé au beurre fraîchement préparé. C'est dans ces recoins que tu sens vraiment le pouls du monastère, un lieu où la spiritualité et la vie quotidienne s'entremêlent sans effort.
Si tu as faim ou soif, il y a quelques petites échoppes ou cantines gérées par des locaux ou des moines juste à l'extérieur ou à l'intérieur du complexe. Tu peux y trouver du thé au beurre (très nourrissant!), des nouilles simples ou du pain tibétain. C'est basique mais authentique. N'oublie pas d'emporter une bouteille d'eau, tu vas marcher et l'altitude peut déshydrater.
Enfin, tu arrives à la cour de débat, le cœur vibrant du monastère. Tu entends d'abord le claquement rythmé des mains des moines, un son sec et percutant qui résonne dans l'air. C'est une symphonie de questions et réponses, d'arguments passionnés. Tu sens l'énergie palpable, presque électrique, de l'intellect et de la spiritualité en action. Les moines, en robe bordeaux, se déplacent avec une agilité surprenante, leurs gestes sont amples, expressifs. C'est un spectacle vivant, plein de force et de concentration, et tu sens cette intensité te traverser.
Pour les débats, ils ont généralement lieu l'après-midi, souvent entre 15h et 17h, mais les horaires peuvent varier. C'est vraiment le moment à ne pas manquer pour vivre l'essence de Drepung. Prévois au moins 3 à 4 heures pour explorer le monastère à ton rythme, sans te presser, pour vraiment t'imprégner de l'atmosphère. Quand tu repars, tu sens une douce fatigue, mais aussi une profonde sérénité. Le monastère s'éloigne, mais son empreinte reste en toi.
Olya from the backstreets.