Imagine que tu laisses derrière toi le bourdonnement de la côte, et que l'air commence à changer. Il devient plus frais, plus pur, imprégné d'une odeur de pin, de terre chaude et d'un lointain parfum d'agrumes. Tu sens la route monter doucement, se tordre et se faufiler, et chaque virage révèle une nouvelle couche de vert, de gris rocheux et de bleu intense. C'est comme si la montagne t'enveloppait, un gigantesque bras protecteur, et le silence s'installe, brisé seulement par le chant des cigales et le souffle du vent dans les oliviers centenaires. Tu respires à fond, et tu sens tes épaules se détendre, comme si le poids de tout le reste s'évaporait.
Quand tu t'aventures dans les villages nichés à flanc de montagne, comme Valldemossa, tu marches sur des pavés anciens, lisses par le temps. Tu entends l'écho de tes pas, et parfois, le cliquetis d'une vaisselle dans un café, ou le son feutré d'une conversation en catalan. L'odeur des géraniums et des bougainvilliers en fleur est partout, douce et capiteuse. Tu peux tendre la main et sentir la pierre fraîche des murs des maisons, parfois recouverte d'un lichen doux et humide, et tu devines les histoires qu'ils ont vues passer. Le soleil, filtré par les feuilles des arbres, dessine des motifs mouvants sur le sol, et tu sens sa chaleur caresser ta peau, un contraste apaisant avec l'ombre fraîche des ruelles.
Si tu as envie de bouger, imagine que tu te lances sur un sentier de randonnée. Le sol sous tes pieds peut être rocailleux et inégal, tu sens les petites pierres rouler un peu, mais la terre est ferme. Tes poumons se remplissent d'un air vif, et tu perçois le crissement des feuilles sèches sous tes pas, le bourdonnement d'une abeille qui passe. Tu te sens monter, chaque pas te rapprochant d'un panorama. Et puis, la récompense : tu arrives à un point de vue. Le vent joue avec tes cheveux, et tu sens l'immensité de la mer qui s'étend à l'infini, un bleu profond qui se confond avec l'horizon. Les falaises tombent à pic, impressionnantes, et tu entends le murmure lointain des vagues qui se brisent en contrebas. C'est une sensation de liberté absolue.
Et la nourriture, alors ? Imagine que tu manges une *coca de patata*, ce petit gâteau léger et doux, presque aérien, avec une texture qui fond dans la bouche. Tu le trempes dans un chocolat chaud épais, ou tu le savoures tel quel, et tu goûtes la simplicité réconfortante de l'ingrédient principal. Ou alors, tu croques dans une orange fraîchement cueillie, son jus acidulé et sucré explose en bouche, te laissant une saveur ensoleillée qui te donne l'impression de mordre dans l'île elle-même. Chaque saveur est ancrée dans la terre et le climat de l'île.
Pour t'y déplacer, une voiture est vraiment l'idéal. Les routes sont sinueuses et étroites par endroits, mais bien entretenues. Ça te donne une liberté incroyable pour t'arrêter où tu veux, explorer des criques cachées ou des petits hameaux. Le stationnement peut être un défi dans les villages populaires, surtout en haute saison, donc prévois d'arriver tôt ou d'utiliser les parkings payants. Il y a quelques bus qui relient les villages principaux, mais les horaires sont moins fréquents et ils ne desservent pas toutes les petites routes panoramiques.
Quant à l'hébergement, tu as pas mal d'options. Valldemossa et Deià sont magnifiques mais peuvent être assez chers et très demandés. Sóller est une excellente base, plus grande, avec une bonne variété de restaurants et de boutiques, et le tramway historique qui descend jusqu'à Port de Sóller est un plus. Si tu cherches quelque chose de plus authentique et reculé, explore les *fincas* (anciennes fermes) ou les hôtels ruraux un peu en dehors des villages principaux. Ils offrent souvent des vues incroyables et une tranquillité bienvenue.
La meilleure période pour y aller, c'est le printemps (avril-mai) ou l'automne (septembre-octobre). Il fait beau et doux, parfait pour la randonnée, et les foules sont moins denses qu'en été. En plein été (juillet-août), il peut faire très chaud, ce qui rend les activités physiques moins agréables, et les villages sont bondés. Côté équipement, des chaussures de marche confortables sont un must absolu. Prévois aussi des couches de vêtements, car la température peut varier pas mal entre le bord de mer et les sommets, et les soirées peuvent être fraîches, même en été.
Pour la nourriture, ne te limite pas aux restaurants touristiques. Cherche les petites *panaderías* (boulangeries) pour les pâtisseries locales comme la *coca de patata* dont je parlais, ou les *ensaimadas* (une spirale de pâte légère et sucrée). Pour le déjeuner, essaie les *pa amb oli* (pain avec de l'huile d'olive, souvent servi avec du jambon, du fromage ou des légumes grillés) dans un café local. Le soir, beaucoup de restaurants proposent du poisson frais pêché localement et des plats à base d'huile d'olive de la région. N'hésite pas à demander les spécialités du jour ou les recommandations du chef.
Léa des montagnes