Imagine que tu laisses derrière toi l'agitation de Dubrovnik, la foule des remparts, et que tu t'engages sur une route qui serpente doucement. Tu sens l'air marin devenir plus pur, plus salin. La péninsule de Pelješac, c'est une caresse. On commence par Ston, c'est évident. Tu marches, et le soleil d'un coup te frappe le visage, réchauffant tes joues. Tes pieds foulent les pierres millénaires des remparts, une sensation de robustesse sous tes semelles. Tu lèves les yeux, les murs s'étirent à l'infini comme un serpent de pierre sur la colline. Puis tu descends vers les salines. L'odeur du sel est omniprésente, légère et piquante à la fois, elle te chatouille les narines. Tu entends le clapotis discret de l'eau dans les bassins, et parfois le cri d'une mouette. Et les huîtres ! Tu les goûtes, fraîches, iodées, une explosion de mer en bouche, c'est comme si l'océan tout entier se concentrait dans une seule bouchée. C'est ça, Pelješac, une immersion immédiate.
Après cette première immersion salée, tu vas t'enfoncer un peu plus dans les terres de la péninsule. La route devient plus intime, bordée de cyprès élancés et d'oliviers noueux. Tu sens le vent caresser ta peau, un vent doux qui porte des effluves de terre sèche et de garrigue. Imagine des collines entières couvertes de vignes, des rangs parfaits qui semblent peignés par la nature elle-même. Les feuilles des vignes scintillent sous le soleil, un vert profond et vibrant. Tu peux t'arrêter au hasard d'un virage, descendre de voiture, et marcher quelques pas dans un chemin de terre entre les ceps. Tu te penches, tu touches la terre chaude, tu sens le soleil sur ta nuque. Le silence est incroyable, seulement brisé par le bourdonnement des insectes et parfois le chant lointain d'un oiseau. C'est une sensation de paix profonde qui t'envahit, comme si le temps ralentissait juste pour toi.
Pour les vignobles, ne te prends pas la tête à vouloir tout voir. Le mieux, c'est de choisir une ou deux petites exploitations familiales, celles qui n'ont pas forcément pignon sur rue mais qui affichent un simple panneau "Vino". Souvent, il suffit de sonner et quelqu'un t'accueillera avec un grand sourire. C'est là que tu auras la vraie expérience, pas un truc commercial. Demande à goûter le Dingač ou le Postup, ce sont les stars d'ici. Si tu n'as pas de voiture, c'est un peu plus compliqué, mais tu peux toujours prendre un taxi depuis Ston pour une dégustation ciblée, ou regarder les rares bus locaux qui passent (mais c'est plus aléatoire). Toujours un petit coup de fil avant pour être sûr qu'ils sont ouverts et disponibles. Prévois un peu d'argent liquide, parfois ils n'ont pas de terminal carte.
Ensuite, tu continues ta route vers l'ouest, et là, la péninsule s'ouvre sur la mer Adriatique. Tu arrives à Orebić, et d'un coup, l'horizon s'élargit, immense. Tu vois l'île de Korčula juste en face, si proche que tu as l'impression de pouvoir la toucher. Le bruit des vagues est constant, un murmure apaisant qui te berce. Tu peux te promener le long de la promenade, sentir le vent marin fouetter tes cheveux, salé et rafraîchissant. L'air est doux, et tu peux même te laisser tenter par une baignade sur l'une des plages de galets. L'eau est d'une clarté incroyable, tu vois tes pieds au fond même quand elle est profonde. C'est une sensation de légèreté, de liberté, comme si toutes tes préoccupations s'envolaient avec les embruns.
Ce que je te dirais de "sauter" pour une première fois, ce sont les petits villages intérieurs qui ne sont pas directement liés à la viticulture ou la côte, à moins que tu aies un intérêt très spécifique. Ils sont charmants, mais pour une découverte globale de la péninsule, concentre-toi sur les incontournables. Et ce que tu dois absolument garder pour la fin, c'est un coucher de soleil à Orebić. Trouve un petit banc face à Korčula, ou installe-toi sur un rocher. Regarde le soleil plonger lentement dans l'Adriatique, peignant le ciel de couleurs incroyables – orange, rose, violet. C'est le moment parfait pour repenser à ta journée, à toutes les sensations que tu as vécues. Termine avec un dîner de poisson frais dans une "konoba" locale, avec un verre de ce vin de Pelješac que tu as découvert. C'est la meilleure façon de laisser la péninsule te murmurer "à bientôt".
Olya from the backstreets