Imagine que tu quittes le brouhaha incessant de Las Vegas. Tu sens le bitume s'éloigner sous les roues, remplacé par une route qui s'étire, l'air qui se purifie à chaque kilomètre. Le soleil, d'abord écrasant, commence à caresser ta peau différemment, annonçant un autre type de chaleur. Puis, tu arrives à l'entrée, mais ce n'est pas une porte. C'est un silence qui t'enveloppe, brisé seulement par le murmure lointain du vent. Tu montes dans une navette, un bus grand et calme. Tu perçois l'odeur du plastique neuf mélangée à celle de la poussière sèche et des pins. Chaque virage t'entraîne plus profondément dans un canyon, et tu sens l'air devenir plus frais, plus dense, comme si la roche elle-même respirait autour de toi. C'est ça, l'entrée à Zion.
Pour t'y rendre depuis Vegas, compte environ 2h30-3h de route. Une fois sur place, tu devras te garer au centre d'accueil (attention, le parking se remplit très vite, surtout en haute saison). Ensuite, tu n'utilises plus ta voiture à l'intérieur du parc : tout se fait avec les navettes gratuites. Elles circulent toute la journée et t'arrêtent aux points d'intérêt majeurs. C'est super efficace et ça préserve le parc.
Tu descends de la navette et, presque immédiatement, tu entends le son d'une rivière qui court. C'est la Virgin River. Tu suis un sentier plat, le Riverside Walk, où tu peux sentir la fraîcheur de l'ombre des arbres. L'air est plus humide ici, et tu perçois l'odeur de la terre mouillée, de la mousse. Tes pieds foulent un chemin tantôt lisse, tantôt parsemé de petits cailloux roulés par l'eau. Au fur et à mesure que tu progresses, les parois du canyon se resserrent autour de toi, et tu sens une atmosphère plus intime, presque sacrée. Le son de l'eau devient plus présent, plus englobant. Puis, le sentier s'arrête, et tu sens l'eau fraîche et vive te caresser les chevilles. Tu es dans les Narrows, marchant directement dans la rivière. L'eau est lisse et froide, et parfois, tu sens le sable fin glisser entre tes orteils, ou le galet rond et solide sous ton pied.
Si tu veux t'aventurer dans les Narrows, il te faut absolument des chaussures d'eau qui tiennent bien et qui protègent tes pieds des rochers glissants ou pointus. Une canne de marche est aussi un gros plus pour l'équilibre. Tu peux louer tout ça juste avant l'entrée du parc ou même à Springdale, le village juste à côté. Ne sous-estime pas la force du courant, et vérifie toujours la météo pour les risques de crues subites (flash floods) avant de partir.
Imagine maintenant que tu te trouves sous des rochers qui pleurent. Ce n'est pas de la pluie, mais l'eau qui s'infiltre doucement à travers la roche poreuse, tombant goutte à goutte sur ton visage, sur tes mains. Tu sens l'humidité de l'air, une fraîcheur bienfaisante. L'odeur est celle de la terre mouillée, des plantes qui poussent là où l'eau est constante, une verdure inattendue au milieu du désert. Tu peux toucher la roche, sentir sa texture rugueuse et humide sous tes doigts. Le son est un doux tic-tac constant des gouttes d'eau qui tombent, rejoignant des bassins naturels où l'eau est calme et fraîche. C'est un lieu de ressourcement, où le temps semble ralentir.
Pour les Emerald Pools, il y a plusieurs niveaux. Le "Lower Emerald Pool Trail" est plus facile et souvent pavé, donc accessible à beaucoup. Le "Middle" et "Upper" sont plus raides et rocailleux. Le sentier de Weeping Rock (attention, parfois fermé pour éboulements, vérifie avant) est court et monte un peu, mais la récompense est cette expérience sensorielle unique. Toujours avoir de l'eau avec toi, même pour les courtes randonnées.
Tu montes encore dans la navette, et cette fois, c'est pour prendre de la hauteur. Tu sens le bus qui grimpe, les virages qui s'enchaînent, et l'air qui devient plus léger, plus vif. Quand tu descends, une brise te caresse le visage, portant avec elle l'odeur lointaine des conifères et de la roche chauffée par le soleil. Tu entends le silence des grands espaces, parfois brisé par le cri d'un oiseau de proie. Tu te sens minuscule face à l'immensité des falaises de grès rouge qui t'entourent, des géants silencieux. Le sol sous tes pieds est solide, mais tu as l'impression de pouvoir toucher le ciel. C'est une sensation de liberté et de grandeur, où ton souffle se mêle au vent.
Pour les vues panoramiques, tu peux t'arrêter à des points comme le "Big Bend" (pour une vue sur Angels Landing) ou le "Weeping Rock" stop pour une perspective sur l'ensemble du canyon. Si tu ne te sens pas d'attaque pour les randonnées très exigeantes comme Angels Landing (qui est très aérienne et demande un permis par loterie), il y a des alternatives. Le sentier de l'Observation Point par l'Est (depuis l'extérieur du parc) est une excellente option pour des vues similaires sans la même difficulté technique et sans navette. Toujours bien planifier ta randonnée et évaluer tes capacités.
Quand le soleil commence à descendre, tu sens la roche qui a emmagasiné la chaleur de la journée la relâcher doucement dans l'air. Les couleurs du canyon changent, le rouge devient plus profond, presque violet, l'orange s'embrase. Le vent se calme, et tu entends des sons différents : le bruissement des feuilles, le chant des grillons qui s'éveille. L'odeur de la poussière se mêle à celle plus fraîche de la nuit qui tombe. Tu as une sensation de plénitude, de fatigue heureuse. Tes muscles sont un peu endoloris, mais ton esprit est léger, rempli de toutes ces sensations vécues. Tu montes dans la dernière navette, et le silence est encore plus profond, comme si le parc s'endormait avec toi.
Après une journée à Zion, tu seras content de trouver un bon repas. Springdale, juste à la sortie du parc, regorge de restaurants sympas pour tous les goûts. Si tu veux vraiment profiter du parc, je te conseille de loger une nuit ou deux à Springdale. Ça te permet d'être là tôt le matin avant la foule et de voir le coucher de soleil. N'oublie pas d'emporter des couches de vêtements, car les températures peuvent chuter drastiquement entre le jour et la nuit, même en été.
Léa sur la route