Imaginez le soleil du matin qui commence à percer la canopée dense, mais ici, à Ta Keo, l'air est déjà épais, lourd de l'humidité de la jungle. Vous le sentez sur votre peau, une caresse moite qui promet la chaleur du jour. Au loin, un murmure, le chant des oiseaux tropicaux et le léger bruissement des feuilles, comme une respiration ancienne. Puis, devant vous, la silhouette massive et inachevée de Ta Keo se dresse, un empilement brut de grès gris-vert. Vous posez la main sur la première marche, une roche immense et froide au toucher, imprégnée de millénaires. Votre cœur commence à battre un peu plus vite, non pas de peur, mais d'une anticipation mêlée de respect. Chaque pas est un effort, les muscles de vos jambes se tendent, le souffle devient plus court, mais il y a une sorte de rythme qui s'installe, une danse silencieuse avec cette montagne de pierre.
Au fur et à mesure que vous montez, le monde extérieur s'estompe. Les marches sont inégales, certaines lisses par le passage incessant des pieds, d'autres encore rugueuses, comme si elles attendaient d'être polies par le temps. Vous entendez le son de vos propres pas, un écho sec sur la pierre, et parfois, le vent qui s'engouffre dans les corridors sombres, portant avec lui une odeur d'humidité et de mousse. Le vide sous vos pieds se fait sentir, une légère instabilité qui vous pousse à vous agripper aux parois froides et solides. La lumière change, passant des zones d'ombre fraîche où l'air est plus doux, aux paliers baignés de soleil où la pierre irradie la chaleur accumulée. C'est une ascèse physique, une méditation en mouvement, où chaque muscle sollicité vous ancre davantage dans l'instant présent, dans la grandeur de ce lieu.
Puis, vous atteignez le sommet. Le vent, ici, est différent ; il siffle autour de vos oreilles, plus libre, plus pur. Vous le sentez balayer votre visage, emportant la sueur et la fatigue, laissant une sensation de légèreté. Il n'y a plus de murs pour vous enserrer, seulement l'immensité du ciel au-dessus et la mer verte de la jungle à perte de vue en dessous. Votre corps, d'abord tendu par l'effort, se détend. Il y a un silence profond ici, non pas l'absence de son, mais l'absence de trivialité. Vous sentez le soleil sur votre peau, chaud et enveloppant, et une paix étrange s'installe. C'est comme si le temps lui-même s'était arrêté, et que vous faisiez partie de quelque chose d'infiniment grand, de plus ancien que le temps. Ce sentiment de connexion, cette immensité, reste gravé en vous bien après être redescendu.
Pour visiter Ta Keo, l'idéal est d'y aller tôt le matin ou en fin d'après-midi. La lumière est plus belle et il y a moins de monde, mais surtout, la chaleur est plus supportable. Les marches sont très raides, alors prévois des chaussures avec une bonne adhérence, c'est vraiment important. Et n'oublie pas une bouteille d'eau, tu vas transpirer ! C'est un temple relativement rapide à visiter, genre 30 à 45 minutes suffisent pour monter, profiter de la vue et redescendre. Pas d'accès facile pour les personnes à mobilité réduite à cause des escaliers abrupts.
Olya from the backstreets