Alors, tu veux savoir ce que c'est vraiment de monter là-haut, à Doi Suthep ? C'est pas juste une visite, c'est une ascension, une immersion. Pour y aller depuis Chiang Mai, le plus simple, c'est de choper un songthaew rouge. Tu en trouveras plein près de l'université de Chiang Mai ou à la porte de Tha Phae. C'est un taxi partagé, donc attends-toi à partager l'espace et le prix. Négocie un peu le tarif avant de monter, mais sache que c'est une course standard. Sois juste patient, ils attendent que le véhicule soit plein avant de partir.
Imagine le vent frais qui s'engouffre par la fenêtre ouverte du songthaew alors que la route commence à s'élever. Tu sens l'air se rafraîchir, une brise légère qui te caresse le visage, chassant la chaleur de la ville. La route serpente, te balançant doucement d'un côté à l'autre, et tu peux sentir tes oreilles se boucher et se déboucher à mesure que tu prends de l'altitude. Le chant des cigales se fait plus rare, remplacé par le bourdonnement du moteur et un silence plus profond, presque méditatif.
Tu poses le pied à terre et une fraîcheur inattendue t'enveloppe, différente de l'humidité de la ville. L'odeur de pin se mêle à celle de l'encens, déjà présente dans l'air, légère et douce. Tu entends un murmure lointain de clochettes et de prières, comme un appel qui te tire vers le haut. Autour de toi, il y a un peu d'agitation, des petits stands qui vendent des fleurs de lotus, des offrandes, mais le son général est plus tamisé, plus respectueux.
Puis, devant toi, c'est l'escalier immense, gardé par ces nagas majestueux, des serpents mythiques dont les corps sinueux forment les rampes. Tu commences l'ascension, marche après marche. Tes mains effleurent la pierre fraîche et lisse des balustrades. Tu sens l'effort dans tes jambes, mais chaque pas t'élève un peu plus, te rapprochant de ce que tu sais être un lieu sacré. Le son de tes propres pas sur la pierre, le souffle régulier, et le bourdonnement lointain des moines qui chantent créent une symphonie unique.
Une fois en haut, tu enlèves tes chaussures et tes pieds touchent le marbre frais, une sensation apaisante après l'effort. Tes yeux sont immédiatement attirés par l'éclat aveuglant du chedi central, recouvert d'or pur. C'est presque une chaleur que tu ressens émanant de cette lumière dorée. Tu perçois le léger tintement des clochettes suspendues, portées par le vent, et le parfum doux et sucré du jasmin et de l'encens fraîchement brûlé.
Écoute bien : au-delà du chœur central, il y a ces petits recoins où le silence est presque palpable. Tu peux sentir la douceur des pétales de lotus déposés en offrande, l'atmosphère sereine qui se dégage des moines en robe safran. Les murs sont ornés de fresques complexes, et même sans les voir, tu peux imaginer la richesse des couleurs, la profondeur des histoires qu'elles racontent. C'est un lieu où le temps semble ralentir, où chaque mouvement est intentionnel, chaque son est une note dans une mélodie paisible.
Et puis, tu t'avances vers le bord, là où la balustrade s'ouvre sur le vide. Le vent est plus fort ici, plus frais, et tu sens l'immensité de l'espace. Tes yeux embrassent la vallée entière, Chiang Mai s'étalant comme une carte sous tes pieds, les montagnes lointaines se fondant dans la brume. C'est un sentiment d'humilité et de grandeur à la fois, une perspective qui te fait te sentir petit et connecté à tout. Le silence est seulement brisé par le vent et le lointain murmure de la ville en contrebas.
Bon, côté pratique, quelques trucs à savoir. Mets des vêtements qui couvrent tes épaules et tes genoux par respect. Si tu n'en as pas, ils louent des sarongs à l'entrée. N'oublie pas d'enlever tes chaussures avant d'entrer dans les zones sacrées. Le meilleur moment pour y aller, c'est tôt le matin, juste après l'ouverture, pour éviter la foule et profiter de la fraîcheur. Ou alors en fin d'après-midi pour le coucher de soleil, mais prépare-toi à un peu plus de monde. Et prends une bouteille d'eau, tu vas marcher et monter !
Quand tu redescends, les marches semblent moins imposantes, comme si ton corps avait intégré le rythme du lieu. Le parfum d'encens te suit encore un peu, et le son des clochettes résonne dans ta mémoire. Tu te sens plus léger, imprégné d'une certaine paix. C'est une expérience qui ne se raconte pas seulement, elle se ressent, du début à la fin.
Olya from the backstreets