Imagine quitter le tumulte de Naples, ses klaxons incessants, l'odeur du café et de la friture qui flotte dans l'air, pour plonger doucement dans un silence frais et humide. Tu ne vois rien, mais tu *sens* le changement d'atmosphère dès les premières marches. L'air se fait plus lourd, plus ancien. Le sol sous tes pieds, d'abord lisse, devient irrégulier, témoin de siècles d'histoire. Tu entends tes propres pas résonner, puis ceux des autres, amplifiés par les parois de pierre. C'est ici que ça commence, à l'entrée principale via Morelli, où la ville moderne s'efface pour laisser place à un monde souterrain insoupçonné. C'est une descente dans le temps, et chaque respiration te raconte une histoire différente.
En avançant, tu vas sentir l'humidité s'intensifier, parfois une goutte d'eau froide perler sur ton front, souvenir lointain de l'aqueduc qui parcourait ces galeries. Tes mains peuvent caresser les parois rugueuses, sentir la fraîcheur de la roche, imaginer les outils qui l'ont creusée. Tu entendras peut-être le murmure lointain d'une explication, mais surtout, tu te sentiras enveloppé par l'écho de vies passées. C'est là que l'histoire se révèle, couche après couche : un aqueduc romain, puis un passage d'évasion pour les Bourbons, et enfin un abri antiaérien poignant pendant la Seconde Guerre mondiale. Chaque recoin résonne de ces usages.
Si tu devais "sauter" quelque chose, ou plutôt, si tu devais moins t'attarder sur une partie, ce serait peut-être la collection de véhicules anciens. C'est visuellement impressionnant, oui, avec des voitures et des motos des années 50 abandonnées là. Mais pour toi, l'impact sensoriel est moindre. Tu pourrais toucher les carrosseries froides, sentir l'odeur métallique et de poussière, mais l'émotion profonde est ailleurs. Concentre-toi plutôt sur la sensation d'espace, sur l'écho des voix, sur la texture des murs qui ont tout vu. C'est dans l'immensité des galeries et la simplicité brute des abris que l'histoire prend vie, pas tant dans les objets exposés.
Ce qui te marquera le plus, ce que tu devras garder pour la fin, c'est la section des abris antiaériens. Là, l'air se fait plus lourd, chargé d'une émotion palpable. Tu vas sentir l'oppression des espaces plus bas, plus confinés, et imaginer la peur, l'attente silencieuse des familles napolitaines blotties là, le cœur battant, espérant que les bombes ne les atteindraient pas. Tu peux même percevoir une légère odeur de renfermé, d'humanité confinée. Puis, tu te retrouveras dans des salles immenses, des cathédrales souterraines creusées à même la roche, où le moindre son se perd dans l'obscurité. C'est un mélange puissant de grandeur et d'intimité forcée, une expérience qui te prend aux tripes et te laisse une impression durable de la résilience humaine.
Pour y aller, le plus simple est de prendre le métro ligne 2 jusqu'à la station Piazza Amedeo, puis de marcher environ 10-15 minutes jusqu'à l'entrée de via Morelli, 61. Prévois des chaussures confortables, car tu vas pas mal marcher, et une petite veste légère, même en été, car il fait frais sous terre. Les visites sont guidées et durent environ une heure et demie. Je te conseille vraiment de réserver tes billets en ligne à l'avance, surtout le week-end, pour être sûr d'avoir une place. C'est une expérience unique, loin des foules habituelles de Naples, et ça vaut vraiment le détour.
Léa from the road