Imaginez. Vous marchez. Non pas sur un trottoir, mais sur un chemin de calcaire blanc, qui craque sous vos pieds comme du sucre. L'air change, il se fait plus doux, chargé d'une promesse salée. Le soleil, déjà généreux, caresse votre peau, vous réchauffant doucement. Vous sentez cette brise marine qui vient vous chercher, légère et fraîche, et le parfum mêlé du pin d'Alep et de l'immortelle sauvage qui vous enveloppe. C'est Sormiou qui vous appelle, avant même que vous ne la voyiez.
Vous continuez. Le chemin descend, et soudain, le bleu. Un bleu que vous n'avez jamais vu ailleurs, profond, presque irréel, qui clignote entre les parois rocheuses. Vous entendez le clapotis doux de l'eau contre les galets, le cri lointain d'une mouette, et le murmure des conversations qui montent de la plage. Le sable fin sous vos pieds, puis les petits cailloux polis par la mer, frais et lisses. Quand vous mettez la main dans cette eau, elle est d'abord glacée, puis elle vous enveloppe, vivifiante, comme une caresse. Vous flottez, le corps léger, et vous sentez le soleil sur votre visage tandis que l'eau vous berce, vous nettoie de tout le reste. C'est une sensation de liberté totale, de connexion profonde avec la nature.
Ma grand-mère, qui a passé toute sa vie à Marseille, disait toujours que Sormiou, c'était le cœur battant de la ville, mais un cœur secret. Elle racontait comment, pendant la guerre, les familles venaient ici chercher un peu de paix, pêcher ce qu'elles pouvaient, ou simplement regarder l'horizon pour oublier. Elle se souvenait d'un été où la chaleur était insupportable en ville, et toute sa famille, les enfants, les grands-parents, était descendue à Sormiou pour dormir sous les étoiles. Ils avaient juste apporté des couvertures et des sardines grillées. Elle disait que dans ces moments-là, Sormiou ne jugeait pas, elle offrait son abri, sa fraîcheur, et la promesse d'un nouveau jour. Pour elle, c'était bien plus qu'une calanque ; c'était un refuge, un lieu de résilience et de partage simple, où le luxe était d'avoir les pieds dans l'eau et le ciel pour toit.
Pour y aller, sache que la route qui descend jusqu'à la calanque est fermée à la circulation en été (généralement de juin à septembre) pour éviter les incendies. Il faut alors se garer en haut et marcher environ 45 minutes à une heure pour descendre. C'est une belle rando, mais ça monte au retour, prévois de bonnes chaussures.
Le meilleur moment pour profiter de Sormiou, c'est le matin tôt, avant que la foule n'arrive, ou en fin de journée pour le coucher de soleil. Les saisons intermédiaires, printemps et automne, sont parfaites : moins de monde et des températures agréables pour la marche et la baignade.
N'oublie pas d'apporter beaucoup d'eau, surtout si tu y vas en été. Il fait chaud sur le chemin et même sur la plage. Une bonne crème solaire, un chapeau, et des lunettes de soleil sont tes meilleurs amis.
Il y a un restaurant sur la plage, le "Chez le Pêcheur", mais il est souvent bondé et peut être un peu cher. Si tu veux pique-niquer, prévois tout ce qu'il faut avant de descendre, car il n'y a pas de supérette en bas. Et surtout, ramasse tous tes déchets.
C'est un site protégé, donc respecte la nature. Pas de feux, pas de cigarettes jetées n'importe où, et ne dérange pas la faune et la flore. On est des invités ici.
Léa, la voyageuse insatiable