Tu sais, parfois, l'agitation de Hô Chi Minh-Ville peut être écrasante. Et si je te disais qu'à une heure à peine, il existe un monde où le temps ralentit, où l'air change, et où la nature reprend ses droits ? Imagine que tu laisses derrière toi le brouhaha incessant des klaxons. Le vent sur ton visage se fait plus doux, l'odeur d'essence s'efface peu à peu, remplacée par une fragrance unique, celle de la boue salée et des feuilles humides des palétuviers. Tu sens déjà l'humidité de l'air s'adoucir, comme si tu entrais dans un immense poumon vert.
Alors que tu t'enfonces, tu entends le clapotis de l'eau sous ta barque, un son rythmique et apaisant. Autour de toi, une symphonie de verts s'élève : des troncs entrelacés, des racines aériennes qui plongent dans l'eau sombre, créant un labyrinthe naturel. Tu sens la fraîcheur sous le couvert dense des arbres, un soulagement bienvenu après la chaleur moite de la ville. C'est comme si la forêt te chuchotait des secrets anciens, te rappelant la force tranquille de la vie. Et puis, tu perçois des bruits plus vifs, des froissements dans les branches...
Tu marches sur des passerelles de bois, et là, tu entends des cris lointains, puis des bruissements de feuilles juste au-dessus de ta tête. Ce sont eux : les singes. Tu sens leur présence espiègle, tu perçois leurs mouvements agiles, presque comme si tu pouvais sentir le souffle de leur course folle d'arbre en arbre. Leurs chuchotements, leurs rires aigus résonnent dans l'air, te rappelant que tu es sur leur territoire. Plus loin, un silence se fait, puis un gargouillement grave et profond, celui des crocodiles qui se prélassent, invisibles mais puissants, dans les eaux boueuses. Tu touches le bois chaud et rugueux de la balustrade, te penchant un peu, essayant de capter chaque son, chaque vibration de cette nature sauvage et résiliente.
Pour t'y rendre, c'est simple. Le plus pratique, c'est de prendre un taxi ou VTC (Grab, Gojek) directement depuis HCMC, ça prend environ 1h30-2h selon le trafic. Sinon, tu peux aussi prendre un bus public (le numéro 20 de la gare de Ben Thanh) qui t'emmène jusqu'à Can Gio, puis un taxi local pour le reste. Ou encore, louer une moto si tu es à l'aise avec la conduite vietnamienne. Prépare-toi à une vraie aventure, loin des circuits classiques. Surtout, n'oublie pas ton anti-moustique, de l'eau, un chapeau et de la crème solaire. Crois-moi, tu en auras besoin !
Ce lieu, tu sais, il a une histoire qui se murmure de génération en génération. Ma grand-mère racontait que pendant la guerre, quand les avions passaient et répandaient leur poison, les palétuviers, ces arbres magiques, étaient les premiers à tomber. La forêt entière est devenue un désert de boue et de cendres. On pensait que c'était fini, que la vie ne reviendrait jamais. Mais après, les gens sont revenus, ils ont replanté, arbre par arbre, avec leurs propres mains. Et aujourd'hui, regarde ça ! Cette forêt est revenue à la vie, plus forte qu'avant. Elle nous protège des tempêtes qui viennent de la mer, elle nous donne des poissons et des crabes, et elle purifie l'air que nous respirons. C'est la preuve que même après la plus grande destruction, si on travaille ensemble, la nature peut renaître et nous protéger.
Une fois là-bas, tu dois absolument goûter aux fruits de mer frais. Il y a des petits restaurants locaux qui servent des crabes, des crevettes et des poissons grillés, pêchés le jour même. C'est simple, mais tellement savoureux. Le meilleur moment pour visiter, c'est tôt le matin ou en fin d'après-midi, pour éviter la chaleur intense de midi et profiter d'une lumière plus douce. Ça te laissera aussi plus de temps pour te perdre un peu, pour t'asseoir et simplement écouter la forêt. C'est une expérience qui te reconnecte, crois-moi.
Léa from the road