Imaginez un instant que le sol se dérobe doucement sous vos pieds. Vous n'êtes pas en train de tomber, mais de vous élever, lentement, silencieusement, dans une bulle de verre. L'air frais, presque piquant, s'infiltre par les bouches d'aération, portant avec lui une odeur subtile de pin et d'humidité. Autour de vous, le murmure lointain de la forêt cède la place au doux sifflement du vent qui caresse la cabine. Vous sentez les légères vibrations du câble tendu, une pulsation douce et régulière qui vous assure de votre progression. Sous vos pieds, le monde s'étale, un tapis vert et profond, parsemé de toits traditionnels et de chemins sinueux. C'est une sensation de légèreté, presque d'apesanteur, alors que la montagne vous accueille dans ses bras.
Arrivé au sommet, c'est une autre dimension. La température est plus fraîche, l'air plus pur, et vous sentez vos poumons se remplir d'une bouffée vivifiante. Le silence est immense, seulement rompu par le chant lointain d'un oiseau ou le léger cliquetis des drapeaux au vent. Vous vous avancez, et là, c'est le grand spectacle. Le lac Ashi, en contrebas, scintille comme un miroir d'argent, et au-delà, si la chance est avec vous, le Mont Fuji se dresse, majestueux, sa silhouette parfaite découpée sur l'horizon. Vous pouvez presque sentir la force tranquille de cette montagne sacrée, une présence qui vous enveloppe et vous fait sentir tout petit, et pourtant si connecté à l'immensité du monde. Fermez les yeux un instant et inspirez profondément ; c'est un moment de paix absolue, un cadeau de la nature.
Ma grand-mère, elle me racontait toujours que le téléphérique de Komagatake était comme un pont vers le ciel. Quand j'étais petite et que j'avais des chagrins, elle m'emmenait là-haut. Elle disait : "Regarde Fuji-san, ma chérie. Il est toujours là, stable, peu importe le vent ou la pluie. Et toi aussi, tu as cette force en toi." Pour elle, ce n'était pas juste une attraction, c'était un endroit pour retrouver son souffle, pour se rappeler que même quand les choses semblent difficiles, il y a toujours une beauté immense qui nous attend au-dessus des nuages. C'était son petit secret pour se ressourcer, et à chaque fois que je suis là-haut, je pense à elle et à cette sagesse simple.
Pour t'y rendre sans prise de tête, le plus simple, c'est le Hakone Free Pass. Il couvre le train, le bus, le bateau sur le lac Ashi et bien sûr, ce téléphérique. La station de départ du Komagatake Ropeway est juste à côté du Hakone-en Garden, au bord du lac Ashi. C'est super bien indiqué, tu ne peux pas te perdre. Pense à vérifier les horaires de la dernière montée et descente, surtout si tu veux profiter du coucher de soleil, parce que tu ne veux pas te retrouver coincé là-haut une fois la nuit tombée !
Et un dernier conseil : même si c'est l'été, la température au sommet peut être bien plus fraîche qu'en bas. Prévois une petite laine ou un coupe-vent, tu me remercieras. Pour avoir les meilleures chances de voir le Mont Fuji dégagé, vise le matin tôt. L'air est souvent plus clair et il y a moins de brume. Et si tu y vas en automne, les couleurs des arbres sont juste incroyables, c'est une explosion de rouge et d'or, mais ça veut aussi dire plus de monde. Si tu es sensible au mal des transports, la montée est douce, mais la cabine peut se balancer un peu par grand vent.
Léa, l'âme vagabonde.