Imagine que tu arrives et que le sol vibre légèrement sous tes pieds, non pas à cause d'un tremblement, mais de l'énergie de la foule qui s'écoule autour de toi. C'est Wangfujing. Tu lèves la tête et une mer de lumières te submerge, des néons géants clignotant en mandarin, des écrans vidéo qui diffusent des images éclatantes. L'air est épais, un mélange subtil de l'humidité ambiante et d'une légère odeur de friture lointaine qui promet des délices. Tu sens le léger frottement des épaules, le murmure des conversations en plusieurs langues, et le bourdonnement constant d'une ville qui ne dort jamais vraiment. C'est grand, c'est vaste, et ça te prend tout de suite.
En t'enfonçant plus profondément, le bruit des klaxons s'estompe un peu, remplacé par une symphonie plus douce : le cliquetis des sacs de shopping, les portes qui s'ouvrent et se ferment avec un sifflement d'air conditionné, et parfois, la musique feutrée qui s'échappe des boutiques de luxe. Tu marches sur des trottoirs larges et impeccables, parfois en marbre poli, et tu peux sentir la fraîcheur de l'air climatisé t'envelopper lorsque tu passes devant les entrées de grands magasins internationaux. C'est le côté moderne de Pékin, où le verre et l'acier brillent sous les projecteurs, et où tu peux te sentir minuscule au milieu de ces géants.
Puis, comme par magie, tes narines captent quelque chose de différent. Une odeur plus forte, plus piquante, un mélange enivrant de sucré, de salé, de grillé et d'un soupçon d'épices inconnues. C'est la ruelle de la nourriture, et le son change radicalement. Tu entends le crépitement de l'huile, le cliquetis des spatules sur les woks, des voix qui appellent en chinois, des rires. Tes yeux, si tu pouvais les utiliser, verraient des couleurs vives : le rouge des brochettes de fruits confits, le jaune doré des beignets frits, le vert des herbes fraîches. Tu sens la chaleur monter de chaque étal, et si tu tends la main, tu peux presque toucher la vapeur qui s'échappe des paniers de dim sum. C'est une explosion sensorielle, où chaque pas te rapproche d'une nouvelle surprise gustative.
Si tu t'aventures dans cette ruelle gourmande, voici quelques astuces. Regarde où les locaux font la queue, c'est souvent un bon signe de qualité. N'aie pas peur d'essayer des choses que tu ne reconnais pas, c'est l'expérience ! Les brochettes de scorpions ou d'étoiles de mer sont là pour le spectacle et les photos, mais il y a aussi des classiques délicieux comme les tanghulu (fruits confits sur bâtonnets) ou les jianbing (crêpes salées). Prépare des petites coupures, beaucoup d'étals n'acceptent pas les grosses coupures ou les cartes. La ruelle est très fréquentée, alors garde un œil sur tes affaires et sois prêt à te frayer un chemin.
Un peu plus loin, tu peux trouver un havre de paix relatif. C'est là que l'odeur du papier neuf et parfois un léger parfum d'encre flottent dans l'air. C'est la librairie Xinhua ou les boutiques d'artisanat. Le bruit de la foule diminue, remplacé par un murmure plus doux, le froissement des pages ou le cliquetis discret de petits objets manipulés. Tu peux passer tes doigts sur la texture du papier de riz, sentir le grain du bois sculpté, ou la douceur de la soie. C'est l'endroit parfait pour chercher un souvenir plus authentique, comme une calligraphie, un éventail peint à la main, ou simplement pour t'imprégner d'une ambiance plus calme et culturelle.
Pour t'y rendre, le plus simple est de prendre le métro de Pékin. La station Wangfujing sur la ligne 1 te dépose directement au cœur de l'action. Le meilleur moment pour y aller, c'est en fin d'après-midi ou en soirée. C'est à ce moment-là que toutes les lumières s'allument, que la rue prend vie et que l'ambiance est la plus vibrante. Évidemment, c'est aussi le moment le plus bondé, surtout le week-end. Si tu préfères une expérience plus tranquille, le matin est plus calme, mais tu manqueras une partie du spectacle lumineux.
Quand tu quittes Wangfujing, tu repars avec une sensation de tourbillon en tête. C'est un endroit qui stimule tous tes sens à la fois : le bruit assourdissant des foules et le silence des librairies, l'odeur sucrée des fruits confits et le piquant des épices, la chaleur des stands de nourriture et la fraîcheur des grands magasins. C'est une tranche de Pékin qui te montre à la fois son passé et son futur, son chaos et sa modernité, et tu te sens comme si tu avais vécu mille choses en quelques heures seulement.
Léa de la route