Alors, tu te demandes ce qu'on fait vraiment à Campo Santa Margherita à Venise ? Imagine que tu as marché un peu, les pavés ont résonné sous tes pas, et soudain, le canal s'ouvre. Tu sens l'air s'élargir, moins confiné que dans les ruelles étroites. C'est comme si la ville respirait un grand coup ici. Tu entends un brouhaha lointain, un mélange de voix, de rires, et le cliquetis des verres. C'est ça, l'arrivée. Tu n'es plus dans le labyrinthe touristique, mais dans un lieu qui vibre d'une énergie différente, plus locale, plus ancrée. Tu sens l'humidité de l'air vénitien, mais ici, elle est mêlée à des odeurs de café, de pain frais, et parfois, si le vent est bon, une légère brise salée.
Le matin, le Campo se transforme. Tu marches, et tes pieds sentent les pavés irréguliers, usés par des siècles de passages. Tu entends les cris des marchands, joyeux et familiers, qui vantent leurs produits. L'air est rempli de l'odeur terreuse des légumes frais, du parfum acidulé des citrons, et de l'arôme iodé du poisson tout juste pêché. Tu peux t'arrêter devant un étal, passer ta main sur la peau lisse des aubergines ou sentir la fraîcheur des herbes aromatiques. C'est un marché vivant, pas un décor. Pour le côté pratique : tu trouveras des fruits et légumes super frais, souvent moins chers qu'ailleurs. Il y a aussi un poissonnier, parfait si tu loues un appart et que tu veux cuisiner. N'hésite pas à goûter les fruits de saison, ils sont toujours délicieux.
Vers midi, l'ambiance se détend. Tu cherches un banc, ou juste un rebord de fontaine pour t'asseoir. Le soleil, s'il est là, te réchauffe le visage. Tu entends le doux clapotis de l'eau dans la fontaine centrale, mêlé aux conversations des étudiants qui sortent des universités voisines. C'est le moment idéal pour un "ombretta" (un petit verre de vin) et quelques "cicchetti" (les tapas vénitiens). Tu peux attraper un *baccalà mantecato* sur une tranche de pain, la texture est crémeuse et le goût délicat, ou un *sarda in saor*, des sardines marinées, légèrement aigres-douces. C'est une explosion de saveurs simples. Conseil pratique : la plupart des bars proposent des cicchetti. Choisis ceux qui ont l'air les plus frais et n'hésite pas à demander conseil. Un spritz coûte généralement entre 3 et 4 euros, et les cicchetti entre 1 et 2 euros pièce. C'est une excellente option pour un déjeuner léger et typique.
Quand le soleil commence à descendre, les couleurs du ciel changent, passant du bleu clair à des teintes d'orange et de rose sur les façades des bâtiments. Tu sens l'énergie du Campo monter d'un cran. Les voix se font plus nombreuses, plus animées. Le cliquetis des verres de spritz résonne plus fort, se mêlant aux rires qui fusent de toutes parts. C'est l'heure de l'aperitivo, le moment où tout le monde se retrouve après le travail ou les cours. Tu te sens happé par cette effervescence joyeuse, comme une vague qui te porte.
À la nuit tombée, le Campo s'illumine. Les lumières des bars se reflètent sur les pavés humides, créant des halos chaleureux. Tu entends la musique s'échapper des portes ouvertes, un mélange de rock italien, de jazz doux, ou parfois même des airs de blues. Les discussions s'animent, les gens se pressent, mais dans une ambiance bon enfant. Tu peux te joindre à un groupe d'amis vénitiens, debout autour d'une table, un verre à la main. C'est l'occasion de goûter une bière artisanale locale ou un autre spritz, peut-être un Aperol ou un Select, plus vénitien. Pour le soir : il y a plusieurs bars sympas autour du Campo, comme l'Orange Bar ou le Bar Ai Pugni. Ils sont souvent bondés, mais c'est ça l'ambiance. Les prix restent raisonnables pour Venise. La plupart ferment vers minuit ou 1h du matin.
Quand tu quittes le Campo, les bruits s'estompent progressivement derrière toi, mais l'écho de cette vitalité reste. Tu sens l'air frais de la nuit sur ton visage, et tu portes avec toi le souvenir des saveurs que tu as goûtées, des rires que tu as entendus, et de la chaleur humaine que tu as ressentie. C'est une impression de vie authentique, de Venise sans artifice, qui te suit bien après que tu aies quitté ses pavés. C'est un endroit où tu ne fais pas juste visiter, tu vis.
Léa en Vadrouille