Imagine le soleil de Pékin qui commence à peine à réchauffer l'air, encore frais, quand tu t'approches du Yonghegong, le Temple des Lamas. La plupart des gens arrivent quand les portes sont déjà grandes ouvertes, quand l'odeur d'encens a déjà envahi l'allée. Mais si tu es là un peu avant, quand le premier gardien déverrouille doucement la lourde porte latérale, tu vas sentir quelque chose de particulier. C'est un parfum que tu ne captes qu'à ce moment précis : l'encens, oui, mais encore froid, presque minéral, mêlé à l'odeur de la pierre ancienne et d'une humidité douce qui persiste de la nuit. Et si tu tends l'oreille, vraiment, tu pourrais capter les toutes premières notes d'une récitation lointaine, un bourdonnement grave et rythmé qui semble vibrer à travers les murs épais, comme si le temple lui-même commençait à respirer. C'est un son et une odeur qui te disent que tu es là, au bon moment, avant que le monde ne se réveille vraiment.
Tu avances, le pas feutré sur les pavés usés par des siècles de prières. Ferme les yeux un instant. Tu sens l'air devenir plus lourd, saturé de l'histoire et des dévotions. Le sol sous tes pieds, parfois lisse, parfois rugueux, te raconte des histoires silencieuses. Puis tu entres dans la salle principale. Imagine la taille de cette statue, le Bouddha Maitreya de 26 mètres, sculpté dans un seul tronc de santal. Tu ne peux pas le voir, mais l'air autour de lui vibre d'une énergie différente. Tu entends le murmure des fidèles, le cliquetis doux des perles de prière, et parfois, un son de cloche profond qui résonne dans tout ton corps, te faisant vibrer de la tête aux pieds. L'air est épais, chaud, rempli de cette odeur riche et complexe de bois précieux, d'encens brûlé, et de quelque chose d'indéfinissable, de sacré. Tes doigts peuvent effleurer les colonnes en bois, sentir leur texture lisse et patinée par le temps, ou les bords des bassins où les moines rincent leurs mains. C'est une immersion totale.
Pour ta visite, arrive idéalement à l'ouverture, vers 9h, si tu veux capter cette atmosphère particulière et éviter la foule. Prends le métro, la station Yonghegong Lama Temple (lignes 2 et 5) est juste à côté. Prévoyez des chaussures confortables, car tu vas marcher pas mal. L'entrée coûte environ 25 yuans, c'est vraiment un bon investissement. À l'intérieur, respecte le calme et les règles : pas de photos des statues principales, et habille-toi décemment (épaules et genoux couverts). Il y a des toilettes propres et des distributeurs d'eau.
Après les grandes salles, continue ta promenade vers les cours latérales. Ici, l'ambiance change. Le son des tambours et des gongs des cérémonies principales s'estompe. Tu entends le chant des oiseaux dans les arbres centenaires et le léger bruissement des feuilles. L'odeur d'encens est moins dense, laissant place à des effluves plus vertes, plus fraîches, comme après une pluie légère. Tes doigts peuvent caresser les stèles recouvertes de caractères anciens, sentir la fraîcheur de la pierre. C'est un moment pour te poser, pour sentir le vent sur ta peau, pour écouter le silence relatif, et pour te connecter à la sérénité du lieu, loin de l'agitation des foules. C'est là que tu réalises que le temple n'est pas juste un bâtiment, c'est un jardin de paix.
Si tu veux rapporter un souvenir, tu trouveras des petites échoppes dans les rues autour du temple, pas à l'intérieur. Méfie-toi des vendeurs trop insistants. Pour manger, il y a plein de petits restaurants locaux sympas dans les hutongs voisins, surtout vers Guijie (Ghost Street) qui est célèbre pour sa nourriture, mais c'est un peu plus loin. Reste simple et essaie les petites échoppes de rue pour des nouilles ou des jiaozi (raviolis). Prépare un peu de monnaie pour les petites dépenses, même si le paiement mobile est roi à Pékin, certains petits vendeurs préfèrent le liquide.
Olya from the backstreets