Salut les amis voyageurs !
Loin de l'effervescence millénaire de Fès, Meknès déploie une autre facette de l'histoire impériale marocaine, une grandeur plus austère, presque mélancolique. Franchir Bab Mansour, c'est basculer dans le rêve inachevé de Moulay Ismaïl. Ici, les remparts ocre s'étirent à perte de vue, plus massifs, moins labyrinthiques que ceux de sa voisine. L'air y est souvent plus clair, imprégné d'une quiétude qui invite à la contemplation. On déambule sous les arches imposantes du Heri es-Souani, où le silence des greniers géants évoque la puissance logistique d'un empire, et l'on imagine le souffle de milliers de chevaux dans les écuries royales, aujourd'hui ouvertes aux courants d'air et aux rayons du soleil filtrant par les voûtes effondrées. Ce n'est pas la même patine que Fès, c'est une ambition démesurée gravée dans la pierre, une cité-forteresse conçue pour rivaliser avec les plus grandes capitales du monde, un témoignage saisissant d'une ère de faste et de pouvoir absolu.
Je me souviens d'une après-midi à Meknès, assis sur un banc près du bassin Agdal, observant les reflets du ciel sur l'eau tranquille. J'avais passé la matinée à Fès, immergé dans ses souks vibrants et ses médersas séculaires, et le contraste était frappant. À Fès, l'histoire se murmure dans chaque ruelle étroite, elle est organique, tissée par des siècles d'érudition et de commerce. À Meknès, elle se dresse, monumentale et audacieuse. C'est en contemplant l'immensité des murs de l'enceinte royale, les vestiges du palais de Moulay Ismaïl, que l'on comprend pourquoi Meknès est cruciale : elle incarne l'autre versant du pouvoir impérial marocain. Si Fès était le cœur intellectuel et spirituel, Meknès était le bras armé, la volonté de fer d'un sultan qui voulait surpasser Versailles. Elle nous rappelle qu'avant l'ère moderne, le Maroc était un empire aux multiples facettes, avec des centres de gravité distincts, chacun portant une part essentielle de son identité. Ignorer Meknès, c'est ne voir qu'une moitié du tableau impérial.
Alors, prêts à explorer ces deux joyaux impériaux ?