Alors, tu sais, je viens de rentrer de Lima, et il faut absolument que je te parle de l'Iglesia y Convento de San Francisco. Imagine, tu es là, sur la place, et avant même d'entrer, tu ressens cette grandeur, cette histoire qui pèse dans l'air chaud et un peu humide de la ville. Tu entends le brouhaha lointain des klaxons qui se mêle au chant des oiseaux perchés sur les palmiers. Quand tu franchis le seuil, c'est comme si le temps ralentissait. L'air devient plus frais, chargé d'une odeur subtile d'encens et de pierre ancienne, une odeur douce qui te prend aux narines et te dit : "ici, c'est différent".
Puis, tu descends. C'est là que la vraie surprise t'attend : les catacombes. L'air y est incroyablement frais, presque froid, et lourd d'une humidité qui te caresse la peau. Tu marches sur des pavés inégaux, et chaque pas résonne dans le silence presque absolu, brisé seulement par le souffle des autres visiteurs. L'odeur... c'est une odeur de terre ancienne, de poussière millénaire et d'une sorte de minéralité. Tu touches les murs de pierre, froids et rugueux. Et puis, tu vois les os. Des milliers. Des fémurs, des crânes, arrangés en motifs macabres mais étrangement artistiques. Ce n'est pas effrayant, c'est... profond. Tu sens une connexion étrange avec toutes ces vies passées, une humilité te submerge.
En remontant, tu découvres la bibliothèque, et c'est un tout autre monde sensoriel. Oublie le froid des catacombes, ici, l'air est plus sec, plus chaud, imprégné de l'odeur incomparable de milliers de vieux livres. Imagine l'odeur du papier jauni, de l'encre séchée, du cuir des reliures. Tu ne peux pas les toucher, mais tu peux presque sentir le grain des pages sous tes doigts. Tes yeux parcourent les étagères immenses, du sol au plafond, remplies de tomes anciens, certains si grands qu'on dirait des trésors oubliés. La lumière qui filtre à travers les fenêtres éclaire les fines particules de poussière qui dansent dans l'air, rendant l'atmosphère presque magique, comme si le savoir lui-même scintillait autour de toi.
Ensuite, tu te retrouves dans les cloîtres. Et là, c'est une explosion de couleurs et de lumière. Imagine le soleil péruvien qui se déverse dans ces cours intérieures, réchauffant la pierre des arcades. Tu vois le jaune ocre et le bleu vif des azulejos qui recouvrent les murs, des motifs complexes qui racontent des histoires silencieuses. Tu entends le léger clapotis de l'eau dans les fontaines centrales, un son apaisant qui contraste avec le brouhaha extérieur. L'air est doux, et tu peux presque sentir la texture lisse et fraîche de la pierre sous tes doigts si tu les passais sur ces carreaux. C'est un espace de sérénité absolue, une bulle de calme où tu peux juste respirer et admirer chaque détail, chaque colonne sculptée.
Bon, par contre, il y a deux-trois trucs à savoir. Premièrement, la visite est obligatoirement guidée et en groupe. Ça veut dire que tu ne peux pas flâner à ton rythme, explorer chaque recoin comme tu le voudrais. C'est un peu frustrant si tu aimes prendre ton temps et t'imprégner des lieux. Deuxièmement, les photos sont strictement interdites à l'intérieur, sauf dans les patios, ce qui est dommage car la bibliothèque est juste incroyable visuellement. Mon conseil : essaie d'y aller tôt le matin, juste à l'ouverture. Il y a moins de monde et tu auras un peu plus d'espace pour respirer, même si le rythme de la visite reste le même. Et prépare-toi à une attente potentielle, surtout si tu y vas en milieu de journée.
Malgré les contraintes, cette visite a été une vraie claque. Ce qui m'a le plus surprise, c'est à quel point l'expérience des catacombes est puissante et non pas morbide. C'est un lieu qui te fait réfléchir à la vie, à l'histoire, d'une manière très tangible. Et la beauté de l'architecture, le calme des cloîtres, c'est un contraste saisissant avec l'agitation de Lima. C'est un endroit qui te prend aux tripes et te laisse une impression durable. Vraiment un incontournable si tu es à Lima, tu dois y aller, ne serait-ce que pour ressentir tout ça.
Bises,
Léa de la route