Imagine que tu arrives au pied de la Croix-Rousse, là où les pentes commencent à grimper. Tu sens déjà l'air frais des traboules, même avant d'en trouver une. Cherche une petite porte discrète, souvent juste à côté d'un immeuble d'habitation. Tu pousses. Le bois est lourd et froid sous tes doigts. Et là, c'est comme entrer dans un autre monde. L'écho de tes pas résonne sur les murs humides, l'odeur de pierre ancienne et parfois un peu de mousse te monte au nez. C'est frais, presque secret. Tu entends le silence des lieux, juste parfois le lointain brouhaha de la ville que tu as laissé derrière toi. C'est l'âme des Canuts qui t'entoure, celle des ouvriers de la soie qui utilisaient ces passages cachés pour transporter leurs précieuses étoffes.
Pour les traboules, mon conseil, c'est de lever les yeux et de chercher les petites plaques. Elles ne sont pas toujours évidentes. Si la porte est ouverte, entre discrètement, c'est souvent des résidences privées. Sois respectueux. La Cour des Voraces est la plus emblématique, mais il y en a plein d'autres à découvrir en se perdant un peu. C'est ça le vrai plaisir.
Après avoir serpenté dans ces boyaux de pierre, tu vas sentir une légère pente ascendante. Tes mollets travaillent un peu, mais c'est une montée douce. Puis, d'un coup, tu débouches. La lumière t'inonde. L'air est plus léger, la rue s'élargit. Tu sens le soleil sur ta peau, une bouffée d'air frais qui n'a plus l'humidité des traboules. C'est le plateau de la Croix-Rousse, le "village" dans la ville. Tu entends le murmure des conversations aux terrasses des cafés, le cliquetis des tasses. C'est une atmosphère complètement différente, plus ouverte, plus vivante.
Une fois sur le plateau, file direct sur le Boulevard de la Croix-Rousse. Si tu y es le matin (surtout mardi, vendredi, dimanche), le marché est une tuerie. Tu peux y trouver des fromages locaux, des fruits et légumes frais, et même des plats à emporter. C'est l'endroit parfait pour un petit pique-nique improvisé. Sinon, il y a plein de petits cafés sympas pour un chocolat chaud ou un café.
De là, tu n'es pas loin du Mur des Canuts. Imagine cette fresque géante. Tu t'approches, et d'abord, tu ne vois qu'une peinture. Mais plus tu te rapproches, plus tu réalises l'illusion. Tu as l'impression de pouvoir marcher dans ces rues peintes, de voir les personnages bouger. Tu te sens tout petit face à cette œuvre qui raconte l'histoire du quartier, de ses habitants, de leur travail. C'est un peu comme si le passé et le présent se superposaient juste devant toi, tu ressens la vie qui a animé ces lieux.
Ce que je te dirais de zapper, c'est les boutiques trop touristiques qui vendent des souvenirs génériques. Concentre-toi sur les artisans locaux, les petites échoppes qui ont une âme. Et n'essaie pas de voir *toutes* les traboules, choisis-en quelques-unes et savoure l'expérience plutôt que de courir après une liste.
Et pour finir en beauté, direction le Gros Caillou. Tu y arrives, et là, c'est le grand air. Le vent te fouette doucement le visage. Tu tends la main, et tu as l'impression de pouvoir toucher l'horizon. La ville de Lyon s'étale à tes pieds, majestueuse. Tu entends le lointain bourdonnement de la ville, mais ici, c'est plus paisible. Tu sens la grandeur de l'endroit, la perspective. C'est le moment de te poser, de sentir le soleil (si tu as de la chance !) sur ton visage et de laisser le regard se perdre sur les toits. C'est la meilleure façon de dire au revoir à la Croix-Rousse, avec cette sensation de légèreté et de perspective.
Léa de la route