Imaginez un instant que vous entrez dans un monde où le vert est roi, un vert si profond, si vibrant, qu'il semble presque inventé. À Onomea Bay, sur la Grande Île, c'est comme ça. Dès les premiers pas, vous sentez l'air se transformer autour de vous : il est plus lourd, gorgé d'une humidité douce, celle des tropiques, mêlée à l'odeur terreuse et riche des fougères géantes et des fleurs inconnues. Vous entendez d'abord le chant des oiseaux, des mélodies que vous n'avez jamais entendues ailleurs, puis, en arrière-plan, le murmure lointain de l'océan, comme une respiration profonde et constante. C'est une immersion totale, où chaque sens est sollicité.
Vous marchez sur un chemin doux, parfois tapissé de feuilles humides qui crissent sous vos pieds, d'autres fois de terre battue. Le sol est légèrement en pente, vous guidant naturellement vers le bas, vers cette baie cachée. Votre main se tend instinctivement pour effleurer les feuilles massives qui bordent le sentier, sentant leur texture lisse et fraîche, parfois velue. L'air sur votre peau est une caresse constante, tantôt tiède et enveloppante, tantôt rafraîchie par une brise furtive qui apporte avec elle le parfum salin de l'océan.
Pour vous y rendre, c'est simple : depuis Hilo, prenez la Highway 19 vers le nord. Le jardin botanique est bien indiqué sur la droite. Le parking est spacieux, mais arrivez tôt le matin pour être tranquille. L'entrée est payante, mais ça vaut chaque centime pour l'entretien de ce lieu magique. Prévoyez quelques heures, c'est une balade, pas une course.
Côté pratique, chaussez des sandales ou des chaussures confortables qui ne craignent pas l'humidité. Un imperméable léger peut être utile, car les averses tropicales sont courtes mais intenses. N'oubliez pas une bouteille d'eau et, si vous êtes sensible, un peu de répulsif anti-moustiques, surtout en fin de journée. Il y a des bancs pour se poser, des toilettes propres, et même quelques spots pour pique-niquer si l'envie vous prend de prolonger le plaisir.
Et puis, il y a ce détail, si discret que la plupart des gens le manquent, mais qui révèle l'âme de cet endroit. Au cœur de la forêt, là où les lumières filtrent à peine, tendez l'oreille. Vous percevrez un son que les guides ne mentionnent jamais : le *clic-clac* délicat des gouttes d'eau qui tombent d'une feuille de taro géante sur une autre, plus bas, puis sur la terre molle. Ce n'est pas la pluie ; c'est le résidu de l'humidité ambiante, une sorte de conversation secrète de la jungle, un rythme lent, aléatoire, comme une horloge biologique cachée. Et quand ces gouttes touchent votre peau, elles sont étonnamment fraîches, même sous le soleil, un petit baiser glacé de la forêt, une micro-douche naturelle qui vous rappelle à quel point la vie est luxuriante ici.
Léa en chemin