Imagine... Tu es là, au cœur vibrant d'Athènes, le bruit des scooters qui frôlent les terrasses de café, les voix qui s'entremêlent, l'air chaud et poussiéreux qui te pique les narines. C'est un chaos joyeux, mais un chaos quand même. Puis, tu te tournes et, comme une apparition, la Mitropoli se dresse.
Tu t'approches, tu touches les lourdes portes en bois sculpté, tu sens la fraîcheur du métal sous tes doigts, un contraste saisissant avec la chaleur de la ville. Tu pousses.
Le vacarme de la rue s'éteint d'un coup. C'est comme si une bulle d'air plus dense, plus ancienne, t'enveloppait. Tes pas, d'abord hésitants, résonnent sur le marbre froid, un son qui se propage, monte, et se perd dans la vaste coupole au-dessus de toi. Tu entends seulement des chuchotements, des prières murmurées, le frottement doux des cierges que l'on allume. Chaque son est amplifié, puis absorbé, créant une atmosphère de solennité apaisante.
Une odeur te prend. C'est l'encens, bien sûr, riche et doux, une fragrance qui te colle à la peau, qui pénètre tes poumons et te remplit d'une sensation d'ancienneté. Mais il y a aussi le parfum subtil du bois ciré, de la poussière millénaire, et de la cire d'abeille des bougies qui se consument lentement. C'est une odeur qui te dit : "ici, le temps s'est arrêté".
Tes yeux s'habituent à la pénombre. La lumière ne manque pas, elle est juste différente. Elle filtre par les vitraux, en faisceaux dorés et colorés qui dansent dans l'air, révélant des millions de particules de poussière suspendues, comme une pluie d'étoiles invisibles. Tu sens la fraîcheur du sol sous tes pieds, une fraîcheur qui remonte le long de tes jambes, te connectant à la pierre, à la terre, à l'histoire. Tu tends la main et tu touches la surface lisse et usée d'une colonne, polie par des siècles de mains, de dévotion.
L'espace est immense, vertigineux, mais étrangement, il t'enveloppe. Tu lèves la tête, la coupole semble infinie, et un sentiment de paix, de suspension, t'envahit. C'est un rythme différent, un battement de cœur plus lent qui prend possession de ton propre corps. Tu respires plus profondément. C'est comme si le temps s'était arrêté, te laissant flotter dans cette bulle de sérénité, loin de tout. Tu touches le bois usé d'un banc, tu sens la texture froide et douce des icônes, et cette sensation te traverse, te connecte à quelque chose de plus grand que toi.
Quand tu en sors, le soleil et le bruit de la ville te frappent de nouveau, mais quelque chose est resté en toi. L'encens sur tes vêtements, la fraîcheur du marbre dans tes souvenirs, le calme imprégné dans tes os. C'est une sensation qui te suit, une ancre discrète au milieu du chaos.
Léa de la route.