Imaginez le doux balancement d'une cabine, suspendue entre ciel et terre. Vous sentez l'air frais monter doucement à travers l'ouverture, caressant votre visage, et un silence profond s'installe, brisé seulement par le léger grincement des câbles et le souffle du vent. Progressivement, le monde en bas se transforme en une carte miniature, les chalets deviennent des points, les arbres des brocolis minuscules. Vous sentez cette légère pression dans vos oreilles, signe que vous gagnez de l'altitude, et avec chaque mètre, le panorama s'ouvre, immense, majestueux. Vos poumons se remplissent de cet air pur de montagne, vivifiant, presque sucré, et une sensation d'immensité vous envahit, comme si vous étiez sur le point de toucher les nuages.
Puis, vous posez le pied sur une passerelle, et là, c'est l'apesanteur. Vous entendez le vent siffler doucement à vos oreilles, un murmure constant qui vous rappelle l'immensité du vide sous vos pieds. La roche est juste là, à portée de main, brute, froide, et pourtant, vous êtes suspendu, le cœur battant, au-dessus de l'abîme. Imaginez cette sensation unique : le sol de la passerelle est fait d'une grille, et vous pouvez voir, *sentir* presque, le vide vertigineux en dessous. Chaque pas résonne, un écho métallique qui se perd dans le silence des montagnes. C'est un mélange étrange de vertige et d'exaltation, comme si vous marchiez sur l'air, entouré par l'immensité des sommets enneigés qui vous encerclent, des géants silencieux qui veillent sur vous.
Une fois le frisson du Cliff Walk passé, ou si vous préférez d'autres sensations fortes, le sommet de First regorge d'activités. Pour les amateurs d'adrénaline, le First Glider est un incontournable : vous êtes attaché à une sorte d'aigle géant et propulsé à toute vitesse, tête la première, au-dessus du paysage. C'est rapide, ça décoiffe, et ça vaut le coup de réserver à l'avance pour éviter la file. Le First Flyer est similaire, une tyrolienne géante où vous volez assis. Ensuite, la descente peut se faire en Mountain Cart, des karts à trois roues super stables pour dévaler les chemins de montagne, puis en Trottibike, des trottinettes tout-terrain. Mon conseil : achetez un pass 'First Adventure' qui inclut plusieurs activités, c'est plus simple et souvent plus économique. Et prévoyez des chaussures confortables, ça va de soi !
Après toutes ces émotions, l'estomac se fait sentir. Le restaurant au sommet, le Berggasthaus First, offre une vue imprenable et des plats suisses typiques. Attendez-vous à des prix de montagne, mais la qualité est là et la vue est incluse ! Il y a aussi des toilettes propres et des fontaines d'eau potable, ce qui est toujours appréciable en altitude. Pensez à prendre un petit encas ou une bouteille d'eau si vous voulez économiser, mais honnêtement, s'offrir un chocolat chaud avec cette vue, c'est un petit luxe qui fait du bien. Et n'oubliez pas votre crème solaire, même par temps couvert, le soleil de montagne est trompeur.
Vous savez, ce lieu, bien avant les remontées mécaniques et les attractions, était déjà un point de repère essentiel pour les habitants de la vallée. On raconte qu'au début du 20ème siècle, une vieille dame, Anna, vivait à Grindelwald. Chaque matin, dès l'aube, elle levait les yeux vers ces sommets, et surtout vers le 'First', ce premier plateau visible depuis sa ferme. Pour elle, c'était un baromètre naturel : la façon dont la lumière frappait les rochers, la présence ou l'absence de nuages, tout lui indiquait le temps qu'il ferait pour la journée de foin ou la transhumance des bêtes. Ce n'était pas juste une montagne, c'était une partie de sa vie, une sentinelle silencieuse qui veillait sur la vallée. Aujourd'hui, quand vous êtes là-haut, vous ne faites pas que profiter d'une vue, vous marchez sur les traces de ces générations qui ont appris à lire le temps et la vie dans ces mêmes rochers, et qui considéraient ce 'First' comme un point de repère, un guide, un horizon d'espoir. C'est cette connexion intemporelle entre l'homme et la montagne qui rend l'endroit si spécial.
En redescendant, la sensation est différente. L'adrénaline s'estompe, laissant place à une douce mélancolie, ou peut-être à une profonde gratitude. Vous sentez la fraîcheur de l'air qui s'intensifie, les ombres qui s'allongent, et le cliquetis régulier de la cabine vous berce. Vos yeux parcourent une dernière fois les crêtes, les forêts denses, les prairies parsemées de fleurs. Vous emportez avec vous non seulement des photos, mais aussi des sensations : le souffle du vent sur le Cliff Walk, le rire des enfants sur le Trottibike, la chaleur d'un chocolat chaud avec une vue incroyable. C'est cette empreinte sensorielle, cette vibration que la montagne laisse en vous, qui rend ce lieu inoubliable. Vous ne l'avez pas seulement visité, vous l'avez vécu, respiré, senti de tout votre corps.
Léa de la route