Imagine que tu arrives le long de la Corne d'Or à Istanbul. Le soleil se reflète sur l'eau, et tu sens une brise légère, parfois teintée d'une odeur saline, douce. Devant toi, d'anciens bâtiments industriels en briques rouges se dressent, massifs, racontant déjà des histoires. C'est ici, dans ce cadre si particulier, que se niche le musée Rahmi M. Koç. Tu passes le seuil et, tout de suite, tu sens l'air un peu plus lourd, empreint d'une odeur de métal ancien, de poussière d'huile et de temps qui passe. C'est un peu comme entrer dans un grenier gigantesque, mais un grenier où chaque objet a une âme, et où le silence est parfois rompu par l'écho lointain de pas sur le béton.
Dès tes premiers pas, tu sens l'immensité de l'espace. Le sol est lisse et frais sous tes pieds, et l'air résonne différemment. Tes mains peuvent effleurer le métal froid et massif d'une locomotive ancienne, sentir la texture rugueuse des roues, ou la surface polie d'une carrosserie de voiture classique. Tu peux presque entendre le sifflement de la vapeur ou le vrombissement d'un moteur d'antan. C'est une immersion totale dans la puissance et l'ingéniosité humaine. Ne te précipite pas, prends le temps de contourner ces géants, de sentir leur présence imposante. C'est un bon début pour comprendre l'échelle de ce qui t'attend.
Ensuite, monte à l'étage. Les escaliers sont larges, tu peux t'appuyer sur la rampe en bois lisse. Là-haut, l'ambiance change. L'espace est plus compartimenté, plus intime. Tu vas te retrouver au milieu de vitrines remplies d'objets du quotidien d'autrefois : d'anciens téléphones dont tu peux sentir le bakélite froid, des machines à écrire dont les touches ont une histoire sous tes doigts, des jouets qui ont bercé des générations. Imagine les bruits doux de ces objets en fonction, le cliquetis d'une machine à coudre, le tintement d'une horloge. C'est comme feuilleter un album de famille géant, où chaque page te raconte une micro-histoire. C'est fascinant de voir comment la vie était faite de ces petites merveilles d'ingénierie.
Si le temps est compté ou si tu préfères les sensations fortes aux détails minutieux, tu pourrais passer un peu plus vite sur les sections dédiées aux instruments scientifiques très spécifiques ou aux répliques de boutiques anciennes. Elles sont visuellement très riches, mais moins interactives au toucher ou à l'ouïe. Ce n'est pas qu'elles n'ont pas d'intérêt, loin de là, mais si ton objectif est de ressentir l'histoire avec ton corps, tu voudras peut-être privilégier d'autres expériences. C'est un choix personnel, bien sûr, mais juste pour info, tu ne manqueras pas l'essentiel si tu les survoles.
Garde le meilleur pour la fin : la visite du sous-marin. C'est une expérience à ne pas manquer, mais attention, il faut souvent réserver ta place à l'avance car les groupes sont petits. Une fois à l'intérieur, tu sens immédiatement l'étroitesse de l'espace, l'air confiné, l'odeur métallique et un peu humide. Tu peux toucher les parois froides, sentir les leviers, les cadrans. C'est incroyable de te déplacer dans ce ventre de fer, d'imaginer la vie des marins dans ce monde sous-marin. Si le sous-marin n'est pas possible, alors dirige-toi vers l'extérieur, vers le ferry historique "Fenerbahçe" amarré. Tu peux monter à bord, sentir le tangage léger, le vent sur ton visage, entendre le clapotis de l'eau contre la coque. L'odeur du sel et de la peinture marine t'enveloppe. C'est une fin parfaite, te connectant à la Corne d'Or elle-même.
En sortant, tu sens la lumière du jour te frapper de nouveau, et l'air extérieur est une bouffée fraîche après tant d'explorations. Le musée a un café sympa si tu veux te poser, et la boutique de souvenirs propose des choses originales. Pour t'y rendre, le plus simple est un taxi ou un bus depuis Eminönü, ou même un ferry jusqu'à Hasköy, c'est une jolie traversée. Prévoyez au moins 3-4 heures pour vraiment en profiter. C'est une aventure unique, un voyage dans le temps qui parle à tous tes sens.
À bientôt sur les routes,
Léa de l'aventure