Oubliez les cartes postales où le soleil tape fort et les foules se pressent. À Itaipu, il y a un secret, un moment suspendu que seuls ceux qui se lèvent avant le monde connaissent. Imaginez. Il fait encore nuit, une obscurité douce, presque veloutée, enveloppe la plage. Vous marchez sur le sable épais, un sable granuleux qui crisse légèrement sous vos pieds, encore frais de la rosée nocturne. L'air est vif, salé, mais il porte aussi une odeur subtile, celle du bois humide des petites embarcations de pêche, mêlée à une touche minérale, presque métallique, du premier poisson fraîchement tiré de l'océan, avant même que l'aube n'effleure l'horizon. Au loin, vous entendez un son régulier, un *thud-thud* doux et rythmé, celui des petits bateaux de pêche artisanaux qui glissent sur le sable, poussés par des silhouettes silencieuses. Puis, un autre son, plus aérien : le cri distinct, presque plaintif, d'une frégate solitaire, comme un appel à la mer. C'est le ballet matinal des pêcheurs d'Itaipu, un rituel discret, une danse d'ombres et de sons qui se déroule avant que le reste du monde ne se réveille. Vous ne voyez pas tout, mais vous le *sentez* dans l'air, vous l'entendez dans le silence, vous le percevez dans cette atmosphère d'attente paisible.
Pour vivre ce moment unique, il faut jouer le jeu de l'aube. Visez d'être sur place avant 5h30 du matin, surtout en semaine. Le week-end, même tôt, l'ambiance peut être légèrement différente, plus de curieux. Pour y arriver, depuis Niterói, le bus 38A ou 38B vous dépose à quelques pas de la plage. Si vous êtes en voiture ou en VTC, c'est encore plus simple. Prévoyez une petite veste légère, car l'air marin peut être frais avant le lever du soleil. Une petite thermos de café peut aussi être une excellente idée pour accompagner le spectacle. C'est une expérience qui demande un petit effort, mais elle vous offre une connexion authentique avec le cœur battant d'Itaipu, loin des clichés touristiques.
Alors que les premières lueurs peignent le ciel de teintes pastel, le silence se brise doucement. Vous sentez la chaleur du soleil monter progressivement sur votre peau, dissipant la fraîcheur matinale. Les silhouettes des pêcheurs se dessinent plus clairement, leurs gestes sont précis, efficaces, hérités de générations. Le crissement du sable sous leurs pas, le léger cliquetis des filets qu'ils trient, tout prend une nouvelle dimension sonore. Et puis, l'odeur change. Ce n'est plus seulement le sel et le poisson frais, mais l'arôme réconfortant du café chaud qui s'échappe des premiers kiosques qui commencent à s'animer. L'air vibre d'une nouvelle énergie, celle d'une journée qui démarre. Si vous avez de la chance, vous pouvez même apercevoir l'un des premiers *pastéis de camarão* (chaussons aux crevettes) sortir de la friture, encore fumant, sa pâte dorée et croustillante promettant une explosion de saveurs marines. C'est le goût de l'aube à Itaipu, simple et inoubliable.
Une fois que la plage s'éveille complètement, les options ne manquent pas. Pour le déjeuner, dirigez-vous vers l'un des restaurants locaux comme le "Bar do Peixe", réputé pour ses poissons frais et ses fruits de mer, souvent pêchés le matin même. Ne manquez pas de goûter une *moqueca* ou un *peixe frito* (poisson frit) croustillant. Si vous êtes intéressé par l'histoire locale, le Sambaqui de Itaipu, un site archéologique préhistorique, et le Museu de Arqueologia de Itaipu sont juste à côté et valent le détour. C'est un voyage fascinant dans le passé de la région. Enfin, un conseil d'amie : soyez respectueux. Les pêcheurs travaillent ici, c'est leur vie. Observez, mais ne gênez pas. Et bien sûr, ne laissez aucune trace de votre passage. Itaipu est un trésor, aidons à le préserver.
Olya from the backstreets